Communiqués de presse

APH soutient les mouvements de mobilisation du 4 décembre à Paris et en région pour la défense de l’Hôpital Public et de la Santé en France

COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU 29/11/2021

Le gouvernement ferme les yeux sur le délitement de l’Hôpital Public qui se poursuit malgré le rôle majeur des hospitaliers dans la resilience sanitaire nationale face à une crise sans précédent.

Le mépris affiché vis à vis des demandes des soignants et des praticiens hospitaliers qui oeuvrent jour et nuit dans des conditions de plus en plus dégradées n’est pas digne de la France. La descente aux enfers que subissent ces personnels couplée à une pénurie de lits et de soignants alors que se profilent de nouvelles réorganisations à l’approche de la 5e vague COVID devient mortifère.
Le déclenchement de nouveaux plans blancs par la Direction Générale de la Santé signifie pour les personnels nouvelles réquisitions, assignations et reports ou annulation de congés.

Il n’est plus possible de continuer de la sorte dans un « hospital usine » dirigé par un productivisme tourné seulement vers l’activité, l’activité coute que coute et une communication infantilisante et faussement rassurante !

La pression qui s’exerce sur les hospitaliers n’a jamais cessé depuis deux ans et nous attendons toujours les recrutements promis à la fin de la première vague tout en comptant chaque jour de nouveaux départs de médecins et de soignants dépités par le Ségur.
Les fonctionnements dégradés sont devenus la règle dans chaque service. À cause de cette déliquescence organisée et d’une pressurisation permanente depuis bientôt deux ans le ton pourrait monter rapidement avec la nouvelle mise en tension qui a déjà commencé et qui n’a aucune raison de s’arrêter avant les vacances de Noël. Le désastre RH ne permettra pas à l’hôpital de survivre si la 5e vague Covid est importante. Action Praticiens Hôpital, union d’Avenir Hospitalier et de la Confédération des Praticiens des Hôpitaux demande au gouvernement des mesures immédiates d’attractivité pour les praticiens hospitaliers afin de stopper l’hémorragie toujours incontrôlée.

Il est urgent de :

• Rendre aux médecins la gouvernance hospitalière qui ne doit plus aller vers le gain mais vers un soin de qualité et la qualité de vie des soignants et des praticiens
• Revaloriser immédiatement l’ensemble des carrières des praticiens en restituant les 4 années d’ancienneté effacées par le Ségur
• Reconnaître le temps de travail et sa durée
• Revaloriser la permanence des soins à sa juste pénibilité
• Rétablir un véritable dialogue social

Les lieux et les horaires des rendez-vous des manifestations seront communiqués ultérieurement. Un cortège unitaire est prévu à Paris à partir de 12h avec un départ à 13h.

 

LES ANTILLES EN CRISE

 

Communiqué de presse du 24/11/2021

Devant la situation dramatique que subissent les Antilles, APH et tous ses syndicats constitutifs, Jeunes Médecins et l’ISNI :

  • dénoncent les entraves à la circulation qui paralysent l’accès aux soins en empêchant soignants et patients d’accéder aux structures sanitaires et mettent en péril la vie de certains patients,
  • condamnent fermement les dégradations subies par les établissements, les menaces et les agressions contre les personnels médicaux et non-médicaux,
  • rendent hommage et portent tout leur soutien aux collègues engagés au service de la population, dans un contexte chaotique venant aggraver la situation sanitaire catastrophique induite par l’épidémie de COVID 19,
  • demandent le renforcement, l’adaptation, l’individualisation de l’information et la communication en matière de vaccination, de façon à amener la famille hospitalière à adopter cette mesure de sécurité dans l’intérêt des usagers,
  • proposent d’offrir un accompagnement social pour les personnes ne souhaitant pas accepter les contraintes du service public : formation, reconversion, rupture conventionnelle, etc,
  • rappellent que cette crise survient sur une situation sanitaire structurelle largement dénoncée par nos organisations, faite de retards d’équipements, de démographie médicale insuffisante, d’inégalités d’accès aux soins, de pathologies spécifiques, de contexte socio-économique et géographique particulier,
  • confirment plus que jamais la nécessité d’un « Ségur » outremers aboutissant à un plan pluri annuel révisant les modes de financement de l’hôpital public, ses moyens humains, ses équipements, renforçant la Faculté de Médecine des Antilles et mettant en œuvre des mesures statutaires d’attractivité pour les PH, conformément à la plate-forme de revendication soutenues depuis des mois par APH.

 

 

 

 

Statut de Nouveau Praticien Contractuel (NPC) : Rejet unanime de l’ensemble de la représentation professionnelle

 
 
Communiqué de presse du 16/11/2021
 
Examiné devant le Conseil Supérieur des Personnels Médicaux (CSPM) ce vendredi 5 novembre 2021, le texte portant statut de nouveau praticien contractuel a été rejeté par les représentants des praticiens contractuels au sein du Collège 3.
 
Nous considérons en effet que ce texte entraîne une rupture d’égalité entre les praticiens et demandons que la rémunération des futurs contractuels (statut qui concerne principalement les jeunes praticiens, médecins, dentistes ou pharmaciens) soit calquée sur celle des praticiens titulaires, primes incluses, cf. communiqué de presse du 29 octobre 2021.
 
Les organisations syndicales des praticiens contractuels demandent également que soient acceptés les amendements suivants :
 
1 La mise en place d’une véritable titularisation via le statut de praticien hospitalier
2 L’accès à l’Indemnité d'Engagement de Service Public Exclusif (IESPE) pour tous les praticiens à exercice hospitalier exclusif,
3 Le droit à congé pour enfant malade, cf. communiqué de presse du 10 novembre 2021
Toutes ces demandes ont été rejetées par l’administration !
 
Le texte tel que présenté au CSPM est un refus manifeste d’accorder à chacun un minimum de garanties sociales et cela démontre à nouveau la volonté du gouvernement de continuer, de manière déguisée, à précariser le praticien dans le système hospitalier !
                                                                                                                              
Notre vote-sanction contraint la DGOS à revoir sa copie et nous réexaminerons le texte d’ici un mois.
 
D’ici-là, le Gouvernement saura-t-il entendre nos revendications ?
 
Sera-t-il dans une absence totale d’écoute comme c’est le cas depuis de nombreux mois ?
 
Les organisations représentatives en tireront les conclusions et attaqueront le texte avant sa parution si rien ne change !
 
Le collège des praticiens titulaires est exclu du vote sur le nouveau statut contractuel qui concerne pourtant le fonctionnement de l’hôpital dans son ensemble. APH a pourtant été partie prenante des concertations d’un texte imposé puis modifié par la DGOS qui supprime les grilles de salaires.
 
Le collège d'APH représentant des praticiens titulaires est solidaire du vote de nos collègues du collège des contractuels et soutient l'ensemble des revendications présentées par l'ensemble des membres du collège contractuel.
 
 

« DGS-URGENT » : L’HIVER ARRIVE, L’HÔPITAL PUBLIC N’A PLUS RIEN À SE METTRE SUR LE DOS… … ET MENDIE POUR TROUVER DU PERSONNEL

Communiqué de presse du jeudi 18 novembre 2021

 

Le 17 novembre 2021, l’ensemble des professionnels de santé reçoit un message glaçant de la part du ministère, un « DGS-Urgent ». La réalité de l’hôpital public, des services à permanence de soins pour les enfants et les adultes, semble enfin crever les yeux du Ministère : l’hôpital public ne peut plus soigner correctement tout le monde, les urgences craquent et ferment, et il n’y a pas de plan B. Tout juste un plan blanc !

Le Ministère invoque la 5ème vague COVID et les épidémies hivernales pour justifier de chercher tous azimuts des « faisant fonction de soignants » : des plus jeunes aux retraités, que l’on va mettre comme des pions dans les urgences, de manière plus ou moins incitative (financière) ou coercitives (pour les plus jeunes), en favorisant des horaires de travail qui conduisent inexorablement à l’épuisement professionnel et personnel de tous.

La France avait une médecine d’excellence. Des années d’incurie de l’Hôpital Public tourné vers l’activité et la rentabilité couplée à une impéritie de nos gouvernants ont fini par achever notre système hospitalier. Le Ségur avait une grande ambition pour la Santé, il est un échec cinglant pour l’attractivité hospitalière… pour ne pas écrire total.

Il aurait pourtant simplement suffi d’écouter les professionnels de terrain. Ceux qui entre autres ont su monter des hôpitaux COVID en une semaine en mars 2020 savent ce qu’il faut pour fidéliser et rendre attractives les carrières hospitalières, y compris dans leur pénibilité par leur travail de nuit et de week-end.

La méthode du gouvernement a été tout autre. A travers un simulacre de dialogue social depuis le début de la mandature, il passe au forceps des mesures dites d’attractivité qui n’en sont pas. Inciter les médecins à venir travailler à l’hôpital en leur proposant en même temps d’aller « mettre du beurre dans les épinards » à la clinique, proposer de travailler encore plus pour gagner plus - au péril de sa santé et de sa vie personnelle…

… mais refuser de parler des moyens de construire et garder une équipe stable, d’ouvrir le dossier tabou du temps de travail médical, de sa juste valorisation, de sa pénibilité… autant de sujets écartés du Ségur, et dont les Français paient le prix fort : la souffrance agonique de l’Hôpital Public, désormais actée par le Ministère.

La politique de santé menée depuis ces 30 dernières années n’a pas réussi à sauver l’Hôpital Public, le Ministère y apporte maintenant le coup de grâce.

APH, JM et l’ISNI demandent de toute urgence au Ministre de prendre en compte ses propositions pour l’attractivité médicale à l’hôpital public, pour l’ensemble des praticiens.Ce sont désormais des exigences qui seules sauront redonner envie à chaque praticien de s’engager ou de continuer son engagement dans le service public hospitalier.

 DGS URGENT n°2021-120

 Communiqué de presse

RÉTROPÉDALAGE EN RÈGLE SUR L’INTÉRIM MÉDICAL

Communiqué Action Praticiens Hôpital & Jeunes Médecins du 13 octobre 2021

 

Le contrôle de l’intérim médical par l’encadrement strict et la diminution des rémunérations voulu par la Loi Rist et adopté par l’Assemblée Nationale cet été se heurte à la réalité de la démographie médicale et à celle du marché de l’emploi médical en France.

Une fois de plus, le gouvernement et la représentation nationale ont préféré contraindre plutôt que de rendre attractif l’exercice médical hospitalier et se prend les pieds dans son propre tapis.

Le Ségur n’a rien changé aux conditions de travail des médecins, pharmaciens et odontologistes hospitaliers et les hôpitaux peinent toujours à recruter et à garder du personnel médical mais aussi soignant.

Les rémunérations ne sont toujours pas à la hauteur du travail réalisé et la perte de pouvoir d’achat de 30 % de ces quinze dernières années par le blocage des grilles salariales n’est absolument pas rattrapée. La 23ième place occupée par la France pour la valorisation des salaires des personnels hospitaliers est indigne de l’engagement des soignants et des praticiens. Le Ségur est venu saupoudrer une réévaluation des salaires mais dans le même temps les autres gouvernements des pays de l’OCDE ayant bien saisi le rôle vital des soignants pour la qualité de vie de tous et les ont revalorisés.

La gouvernance et les organisations désuètes plombent le quotidien des médecins hospitaliers en compliquant systématiquement leur exercice plutôt que de l’aider et de l’encourager.

L’hôpital continue à fermer des lits, à se vider de ses personnels et à courir après l’illusion de la rentabilité. La crise sanitaire n’a rien changé et toutes les économies se font toujours sur la masse salariale et l’importation en masse de dispositifs médicaux fabriqués à l’autre bout du monde à moindre cout.

Il faut en urgence changer de cap si l’on veut conserver un système de santé capable de prendre en charge l’ensemble de la population.

Il faut, en urgence, restaurer l’attractivité des carrières médicales mais aussi des soignants en retrouvant un niveau de rémunération conforme à la norme européenne.

APH, union de la Confédération des Praticiens des Hôpitaux et d’Avenir Hospitalier, et Jeunes Médecins demandent au gouvernement de prendre immédiatement des mesures fortes d’attractivité en faveur des praticiens hospitaliers :

  • Récupération des 4 années d’ancienneté perdues par les praticiens nommés avant 2020 lors de l’application de la nouvelle grille salariale,
  • Revalorisation de la permanence des soins, gardes et astreintes, en temps et en argent. Cinq demi-journées pour une grade de 24 heures et une indemnité de sujétion à 450 euros pour la garde. Une revalorisation similaire pour les astreintes couplée à l’ouverture d’un compte pénibilité pour les retraites des praticiens,
  • La titularisation immédiate de tous les praticiens contractuels qui ont validé leur concours de praticien hospitalier,
  • Une réforme ambitieuse et sans dogme de la gouvernance hospitalière,
  • Un ONDAM hospitalier à la hauteur de l’engagement des missions de l’Hôpital Public pour un juste soin en tout point du territoire,
  • Une planification des besoins en santé en nombre de praticiens et de soignants pour une mise en adéquation de la formation des étudiants en santé pour retrouver une offre de soin digne de la France sans oublier nos territoires ultra-marins,
  • Une réflexion nationale et régionale sur des mesures favorisant les recrutements et la possibilité d’un exercice territorial choisi.

 Lire le communiqué de presse

Avec le soutien du Groupe Pasteur Mutualité

 

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Campagne nationale
" Dis Doc', t'as ton doc' ? "  pour faire évoluer le modèle culturel des médecins !

 

Retrouvez toute l'information dans le communiqué de presse (cliquez ici)

www.cfar.org/didoc/ 

 

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Actu'APH n°16

       

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     Les annonces de recrutement octobre 2023

 

             retrouver ces annonces sur le site reseauprosante.fr

 

Les dernières actus

75 % DES MEDECINS HOSPITALIERS RISQUENT DE QUITTER L’HOPITAL PUBLIC DANS LES 5 ANS… … PARCE QUE PERSONNE NE PREND SOIN DES MEDECINS HOSPITALIERS.

MISSION-FLASH : UN NOUVEAU RATAGE GOUVERNEMENTAL (PREVISIBLE) !

Ce vendredi 1er juillet, Action Praticiens Hôpital dévoilait à la presse les résultats complets de l’enquête « Nuits Blanches » sur la permanence médicale des soins à l’hôpital public : 75 % des praticiens hospitaliers risquent de quitter l’hôpital public dans les 5 ans à cause de la permanence des soins. En parallèle, le rapport de la mission-flash sur les urgences était remis à la Première Ministre. Un rapport sans doute amoindri à la demande de la Première Ministre, puisque seules 41 des multiples propositions [CP1] [WA2] envisagées par la mission ont pu figurer dans le rapport.

le dossier de presse

Lettre aux élus De La République

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Paris, le 22 juin 2022

Monsieur le Président du Sénat,

Monsieur le Président, Madame la rapporteure de la commission d’enquête sur la situation de l’hôpital et le système de santé en France

Mesdames les Sénatrices, Messieurs les Sénateurs,


Action Praticiens Hôpital, union d’Avenir Hospitalier et de la Confédération des Praticiens des Hôpitaux, organisation majoritaire aux dernières élections professionnelles pour le Conseil Supérieur des Personnels Médicaux vous remercie pour l’écoute attentive lors de notre audition au Sénat du 9 décembre 2021. Nous vous remercions pour le rapport que vous avez publié le 29 mars 2022 et nous nous permettons de vous rappeler notre proposition de réfléchir ensemble sur les modalités législatives à mettre en œuvre pour faire évoluer la situation de l’Hôpital Public et de l’accès à un juste soin qui se dégradent sur l’ensemble du territoire national.

Nous représentons les médecins, pharmaciens, odontologistes des hôpitaux et faisons partie des corps intermédiaires élus. Nous sommes issus du terrain et des terroirs de notre Nation. Nous appartenons à l’Hôpital Public pour lequel nous œuvrons jour et nuit pour permettre un accès aux soins à tous nos concitoyens, vos électrices et vos électeurs, pour qu’en France vivre en bonne santé soit et reste une réalité.

Dans cette lettre nous vous résumons une partie de notre analyse sur les points de blocage et les leviers que la Loi devra changer pour que demain le pilier Santé retrouve sa juste place dans notre société. Pour que l’ensemble des praticiens et soignants des établissements de santé, du médico-social comme de la ville puissent retrouver la sérénité d’exercice dont ils ont besoin pour répondre aux attentes des patients et de leur famille.

Nous avons subi depuis des décennies le dogme de la rationalisation fiduciaire et notre système est à bout de souffle, au bord d’une rupture irrémédiable. La France qui dans les années 2000 était à la pointe de la médecine dans le monde se retrouve aujourd’hui au 23ème rang.

Notre rôle de corps intermédiaire a été trop souvent ignoré et parfois maltraité par une gangue administrative qui a parfois perdu le sens des valeurs de notre société. Nous connaissons bien les territoires et ce que nous avons à faire pour le bien commun. Nous vous l’avons démontré depuis longtemps et encore plus lors de la première vague Covid. Nous avons alerté également maintes fois pour que les choses évoluent…

Il semble temps aujourd’hui de changer de méthode et de retrouver des objectifs quantitatifs acceptables mais surtout qualitatifs en termes de juste soin pour les patients et d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle pour nous vos soignants. Ces conditions sont indispensables pour que nos concitoyens puissent retrouver une espérance de vie en bonne santé superposable à celle des autres pays et que les acteurs du soin que nous sommes puissent également retrouver le sens de leurs métiers.

Nous ne sommes pas abstentionnistes ou spectateurs passifs mais des acteurs engagés pour construire le renouveau tant attendu par les Françaises et les Français et clairement exprimé ces dernières semaines. Nous sommes et serons là pour vous aider à reconstruire et à moderniser l’existant pour que le vivre ensemble en bonne santé ne soit plus un mirage mais redevienne une réalité pour toutes et tous en tout point du territoire.

APH est à votre disposition pour travailler dans cette direction dans un respect mutuel et autour des valeurs de notre République.

Prenez soin de vous, des vôtres et de la santé de vos administrés comme celle de l’Hôpital Public et de notre système de soin.

 

APH REAGIT A LA « NOTE AU GOUVERNEMENT » DE MARTIN HIRSCH

 

Tribune APH du 9 mai 2022

 

Martin Hirsch, directeur général de l’APHP, s’est autorisé à envoyer une « note au gouvernement » [1] qui ressemble à un acte de candidature au poste de ministre chargé de la Santé. Dans cette note, adressée en copie à la presse, il étale ses réflexions et ses propositions pour l’hôpital public… Nous nous limiterons ici à commenter ses propositions, exposées comme une profession de foi.

Faire le constat du naufrage de l’hôpital public, annoncé par les syndicats depuis longtemps, fait désormais l’unanimité. Les discours des politiques et des administratifs assurant que l’hôpital tient toujours debout, qu’il a tenu pendant la pandémie, que la résilience des hospitaliers est inaltérable ne sont que façade. La réalité de notre quotidien est tout autre : la souffrance des hospitaliers explose, déprogrammations et fermetures de services résultent du manque de professionnels paramédicaux et médicaux, qui fuient en nombre le service public hospitalier. Nombre de celles et ceux qui restent encore sur le front sont rongés par un épuisement professionnel et personnel.

Cependant, les angles de vue proposés par Martin Hirsch sont inquiétants, en profond décalage avec les métiers du soin et la notion de service public.

  • Considérer que le soin se résume à une productivité mesurable est d’une cruelle indécence pour tous ceux dont on salue la vocation, l’humanisme et tout simplement le professionnalisme. Dans quelque secteur du soin que ce soit, le geste technique – qui rapporte à l’hôpital – n’est rien sans la relation du soignant avec le patient, sans le travail d’équipe, sans la réflexion sur son propre travail. C’est pourtant bien cette perte de sens qui fait fuir ou qui épuise les professionnels de santé.
  • Considérer que le professionnel de santé est un pion qui joue individuellement et que l’on peut balader d’un service à l’autre, d’un établissement à l’autre, d’une région à l’autre est encore une fois oublier le sens du soin à l’hôpital. Une équipe se construit, a une histoire, un projet, elle se renouvelle, mais doit savoir garder ceux qui s’investissent pour elle et doit donner la possibilité à chacun de s’investir, pour se sentir partie prenante de l’œuvre commune de soigner, d’accompagner et du vivre ensemble.
  • Considérer l’hôpital sans la ville oublie que le système de santé doit être centré autour du patient, et de son médecin traitant, et non du CHU parisien. Le champ du médico-social semblerait aussi avoir été omis… Le passage à l’hôpital d’un patient ne devrait se faire que lorsque les moyens de la ville et du premier recours sont dépassés : compétences spécialisées, plateaux techniques et maternités.
  • Défier les corps intermédiaires élus et donc légitimes, c’est-à-dire les syndicats – ce terme n’est même pas mentionné dans sa note – comme ne défendant pas les intérêts des praticiens est particulièrement déplacé. L’exemple de la discussion lors du Ségur sur la permanence des soins… à laquelle il n’a pas participé, contrairement à nous ! – en dit long sur sa vision du dialogue social…

Ainsi, ses propositions sont-elles également en décalage avec les métiers du soin hospitalier.

  • L’attractivité (jamais nommée dans la « note ») ne peut se résumer au problème des rémunérations. Il est si facile d’occulter les réelles difficultés : permanence des soins, temps de travail, reconnaissance de la pénibilité, équilibre vie professionnelle et personnelle, adaptation des contraintes à la parentalité… Le Ségur a été insuffisant, quand il n’a pas été insultant pour les praticiens hospitaliers. Le chantier de l’attractivité est à ouvrir réellement, courageusement : c’est une des priorités à mettre en œuvre immédiatement.
  • La mobilité versus la carrière à vie ? Destructrice de l’équipe et de tout projet professionnel, la perpétuelle mobilité contribuerait à envoyer les praticiens vers des carrières « à vie » dans les établissements qui le proposent : les établissements privés. Si nous sommes d’accord sur le fait que la concentration des prérogatives « clinique, enseignement, recherche et management » sur les seuls hospitalo-universitaires n’a pas de sens, il n’y a en revanche aucune honte à être praticien hospitalier toute sa vie, ou pendant un temps long, dans un même établissement. Il n’y a aucune honte à y travailler sans aspiration hospitalo-universitaire. Le travail hospitalier des praticiens implique la constitution de projets à long terme, d’investissements financiers, mais aussi de création de réseaux avec la ville, le médico-social et de suivi des patients porteurs de pathologies chroniques complexes. Monsieur Hirsch sait-il seulement ce qu’est le travail d’un praticien hospitalier, d’un soignant ?
  • La casse du statut ? Oui, les professionnels de santé gagneraient à être reconnus ou assimilés à des fonctionnaires « régaliens », plutôt que de poursuivre leur engagement dans l’hôpital public tout en voyant des collègues faire de l’intérim pour des rémunérations qui vont jusqu’à dix fois la leur, pour produire de l’acte sans contribuer aux piliers essentiels de l’hôpital que sont l’équipe, les liens entre services et la vie institutionnelle. Tous ces nouveaux contrats dont rêve Monsieur Hirsch ne font pas avancer l’hôpital : ils continuent à le détruire davantage. Les professionnels de santé engagés dans l’hôpital public demandent seulement à être rémunérés en fonction du travail qu’ils réalisent, où pénibilité et responsabilité doivent être prises en compte.
  • La gouvernance souffre en tout premier lieu de démocratie, notamment dans la désignation des chefs de service et de pôle. Aucun projet de réforme de gouvernance ne peut voir le jour sans ce prérequis. L’évocation des instances médicales et paramédicales des instances de gouvernance n’appelle pas la comparaison suggérée par Martin Hirsch : ni leur composition ni leurs missions ne sont comparables, ce d’autant qu’aucune représentation syndicale médicale locale n’est actée dans les établissements publics de santé. Cette absence d’implication des syndicats de praticiens hospitaliers à l’échelon du territoire de santé est une anomalie qui interroge…

Action Praticien Hôpital ne cesse d’appeler à réformer le système de santé et continuera à porter les principes de la qualité de vie des praticiens hospitaliers ; c’est l’intérêt de l’hôpital public : ceux qui y travaillent, ceux qui y sont soignés. Pour nous, le statut de praticiens est un gage de sûreté pour ce corps mais également d’équité sur l’ensemble du territoire national. Contrairement aux propos de Monsieur Hirsch, le cadre qu’il définit comme « rigide » de l’hôpital public ne l’empêche pas d’évoluer. Au contraire, il sécurise une réforme nécessaire, tout en gardant les prérogatives du service public comme les valeurs de la République pour défendre notre système solidaire de santé.

Nous défendrons des actions pour promouvoir un renouveau du système hospitalier et de celui de la santé en conservant les fondamentaux comme ceux des statuts, des engagements par conviction au service des patients et dans un esprit d’équipe et avec une rémunération revalorisée mais sans lien avec de l’intéressement et de la spéculation.

Cette réforme sera coûteuse mais elle est nécessaire, et elle sera efficace.

Ayons le courage de définir la place de l’hôpital public dans le système de santé : il n’est en concurrence ni avec la médecine de ville, ni avec l’activité des cliniques lucratives dont les missions et les objectifs sont différents.

Ayons le courage de mettre sur la table le problème du temps de travail des praticiens hospitaliers, chantier éludé du Ségur, et mettons en regard les rémunérations avec le volume horaire de travail réalisé par les praticiens.

Ayons le courage de corriger l’erreur du Ségur qui a valorisé l’engagement des jeunes sans considérer celui de ceux qui tiennent l’hôpital public depuis des dizaines d’années : donnons à tous la bonification d’ancienneté de 4 ans.

Ayons le courage de mettre sur la table le chantier de la permanence des soins : pas timidement et de manière insultante comme au Ségur, mais par une revalorisation massive à hauteur de la permanence des soins effectuée par les libéraux (le rapport de l’IGAS sur le sujet n’est toujours pas public…), et par une prise en compte des effets collatéraux du travail de nuit : pénibilité, déséquilibre vie professionnelle – vie personnelle, morbidité induite et réduction de l’espérance de vie.

Ayons le courage d’officialiser les mesures d’attractivité plutôt que de laisser perdurer les petits arrangements opaques, à la limite de la légalité, dont le principe et de nombreux exemples sont pourtant connus des tutelles.

Ayons le courage de réformer la gouvernance en imposant une réelle démocratie sanitaire, dans la désignation des chefs de service et de pôle autour d’un projet médico-soignant. Donnons la possibilité de faire exister les syndicats médicaux dans les établissements au même titre que les syndicats paramédicaux. Les syndicats et leurs représentants ont un rôle à joueur pour faire vivre le dialogue social dans les établissements de soins mais également sur les territoires de santé.

Ayons le courage d’un dialogue social équilibré. Les erreurs de trajectoire pour l’hôpital public, et notamment les plus récentes, sont le fruit de négociations tripartites où directeurs et DGOS ont une connivence à peine voilée, tandis que la parole – et même le vote – des praticiens concernant les évolutions est quasiment ignorée. Écouter le terrain sans le suivre nous a conduit dans le mur. Appliquer les propositions des représentants légitimes que sont les syndicats est la seule planche de salut pour l’hôpital public : Action Praticiens Hôpital, union d’Avenir Hospitalier et de la Confédération des Praticiens des Hôpitaux, et ses composantes, représentant l’ensemble des spécialités médicales, odontologiques et pharmaceutiques, majoritaires chez les praticiens hospitaliers et les contractuels aux dernières élections professionnelles, sera présent et force de propositions.

Jean-François Cibien- Président AH, Président APH, 06 07 19 79 83

Carole Poupon - Présidente CPH, Vice-présidente APH ; 06 76 36 56 67

Yves Rébufat - Président exécutif AH , 06 86 87 62 76

[1] https://www.lesechos.fr/economie-france/social/hopital-le-temps-de-la-refondation-1404467

 

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