Communiqués de presse

Élections au sein d'Action Praticiens Hôpital

Communiqué de presse du 9 septembre 2020

 

Suite à la réunion de son Conseil d’administration, Action Praticiens Hôpital a élu un nouveau président et une vice-présidente, en raison du souhait de son président Jacques Trévidic de passer la main après 17 années d’engagement syndical.


Jacques Trévidic était président d’Action Praticiens Hôpital dont il est à l’origine avec Nicole Smolski, Max Doppia et Jean-Claude Pénochet. Il présidait APH depuis 2017. Il présidait également la Confédération des Praticiens des Hôpitaux (CPH), membre fondateur d’APH, depuis 2014.

Carole Poupon, jusqu’alors déléguée générale de la CPH, a été élue présidente de la CPH le 1er septembre dernier, Jean-François Cibien restant le président d’Avenir Hospitalier.

Les statuts d’APH (intersyndicale réunissant la CPH et AH) prévoyant une alternance entre les 2 présidents respectifs, la présidence d’APH revenait au président d’AH. Le Conseil d’administration d’APH s’est réuni le 8 septembre et a élu Jean-François Cibien, président et Carole Poupon, vice-présidente d’APH.

Après avoir remercié Jacques Trévidic de son action et les membres du CA pour son élection, Jean-François Cibien a insisté sur la nécessité de définir une feuille de route commune en listant les priorités et les moyens d’actions à envisager pour le mandat à venir. Carole Poupon remercie Jacques Trévidic de lui avoir fait confiance et rappelle sa volonté de construire rapidement la maison commune APH avec des nouveaux statuts prévus pour décembre 2020.

Ségur bâclé : APH & JM demandent des prolongations

 

 
Lundi 13 juillet, un protocole d’accord relatif aux négociations statutaires des personnels médicaux hospitaliers a été signé entre le Premier Ministre et les intersyndicales CMH, SNAM-HP et INPH.

Action Praticiens Hôpital & Jeunes Médecins, organisations majoritaires au sein du collège des praticiens hospitaliers (trois sièges sur cinq) et du collège des praticiens non titulaires (trois sièges sur cinq également) du Conseil supérieur des personnels médicaux, odontologistes et pharmaceutiques des établissements publics de santé, ont refusé de signer cet accord en raison de ses lacunes. Ce protocole ne règle pas les problèmes de fond de l’hôpital public, de son attractivité et des carrières de ses personnels. Le Ségur des personnels « non médicaux » - avec qui nous restons solidaires - reste également au milieu du gué.

Le Premier Ministre a estimé que pour certains, le compte n’y était peut-être pas. APH & JM partagent cette analyse. Nous demandons dès à présent de pouvoir améliorer cet accord avec les mesures nécessaires qui restent à prendre :

  • Définir clairement les obligations de services des praticiens hospitaliers par une modification du cadre réglementaire, en décomptant au moins 5 plages de travail par 24 heures.
  • Revaloriser l’ensemble des carrières des praticiens hospitaliers et non pas seulement sa fin. Au minimum, un jeune praticien hospitalier devrait débuter sa carrière avec un traitement de 5 000 € net.
  • Reconnaître la pénibilité de la permanence des soins en revalorisant les indemnités liées à cette sujétion et en la prenant mieux en compte pour le calcul des pensions de retraite.

Mais l’attractivité des carrières à l’hôpital public ne se réduit pas à des mesures sur les salaires et le temps de travail. C’est toute une organisation interne et les rapports avec les autres acteurs de santé qu’il faut modifier en profondeur. Action Praticiens Hôpital & Jeunes Médecins exposeront bientôt leurs propositions relatives à ces autres mesures.

Nous demandons la reprise rapide des négociations pour que des réponses concrètes soient apportées au plus vite et préparer ainsi efficacement l’hôpital public à ses missions dont les citoyens ont bien perçu l’importance durant la crise épidémique. L’hôpital public est un bien commun, et ses personnels méritent mieux qu’un accord bâclé.

Dr Jacques Trévidic (CPH)
Dr Jean-François Cibien (AH)
Dr Emanuel Loeb (JM)

 

Ministère des Solidarités et de la Santé : Accord relatif aux personnels médicaux

Ségur de la Santé : Olivier Véran tente de passer en force

 

Communiqué d'APH et JM du 10 juillet 2020

 

Action Praticiens Hôpital et Jeunes Médecins, représentant la majorité des praticiens hospitaliers titulaires et contractuels, déplorent la méthode déloyale choisie par le Ministère des Solidarités et de la Santé pour écarter nos organisations en programmant une réunion de négociation supplémentaire hier à 15h30 avec un délai de prévenance de 4 heures, alors que nos représentants pour la plupart provinciaux étaient repartis vers leur lieu de travail. En effet, la veille au soir le Ministre avait décidé de rompre unilatéralement les discussions, considérant que nous ne pourrions pas arriver à un accord. 

Dans ces conditions, il était physiquement impossible pour APH & JM d’être présents pour participer à la suite de la négociation.

 

C’est pourquoi nos organisations dénoncent cette parodie de dialogue social qui conduit de facto à écarter délibérément les organisations syndicales majoritaires chez les praticiens hospitaliers et contractuels d’une négociation particulièrement importante pour leurs mandants, et se réservent la possibilité de contester en droit les conditions dans lesquelles elle s’est déroulée.

 

APH et JM n’ont donc d’autre choix que de saisir une nouvelle fois le Tribunal administratif de Paris d’un référé liberté afin de faire respecter le cadre démocratique indispensable à un dialogue social apaisé.

 

Jacques Trévidic, Président CPH, Président APH

Jean-François Cibien, Président AH, Vice-Président APH

Emmanuel Loeb, Président JM

POURQUOI NOUS NE SIGNERONS PAS L’ACCORD SEGUR POUR LES MEDECINS ?

 

… PARCE QUE NOUS REPRESENTONS TOUS LES PRATICIENS DE L’HOPITAL !

Résultats de l’enquête du 11 et 12 juillet 2020.


 

Les composantes de l’union syndicale Action Praticien Hôpital et Jeunes Médecins ont pris part à l’intégralité du Ségur de la Santé : participation aux 6 semaines de réunions quotidiennes, écriture de contributions sur les quatre piliers, négociations avec l’équipe Ségur et le Ministre des Solidarités et de la Santé.
 
APH et JM dénoncent un simulacre de négociation, les écartant d’une post-ultime réunion où ont été décidées des mesures qui ne nous semblent pas être le choc d’attractivité tant attendu pour l’hôpital : augmentation de l’indemnité de service public et création de trois échelons de fin de carrière particulièrement juteux.
 
APH et JM demandaient – proposition minimale - que l’enveloppe allouée par le Ministère soit allouée en priorité à une revalorisation salariale (+ 2 échelons pour tous) et un juste décompte de la durée de la garde de nuit (le décompte erroné fait économiser près de 500 000 euros par jour à l’Etat, selon son propre chiffrage !).
 
APH et JM ont consulté ces derniers jours à deux reprises leur base, afin de représenter au mieux les attentes des praticiens (cf. pièce jointe).
 
Près de 3000 praticiens ont participé en l’espace de 24 heures à cette enquête réalisée en plein week-end du 14 juillet. Les constats sont clairs.
 
La proposition minimale d’APH et JM (cf. supra) séduit la majorité (53 %) des PH, qui estimait déjà indispensable lors de la précédente enquête des mesures complémentaires – conformément aux résultats de l’enquête précédente (intégration du samedi matin à la permanence des soins, revalorisation des gardes, du temps de travail additionnel.
 
La proposition minimale d’APH-JM est encore davantage plébiscités chez les jeunes et les praticiens en milieu de carrière, et par les praticiens, quelque soit leur âge, qui font des gardes : anesthésistes-réanimateurs, réanimateurs, mais aussi neurologues, radiologues, cardiologues, chirurgiens, obstétriciens, pharmaciens, biologistes et qui assurent la prise en charge de chaque concitoyen jour et nuit.
 
Le protocole d’accord proposé à la signature témoigne d’un choix politique et budgétaire incompréhensible : sacrifier les jeunes et les praticiens en milieu de carrière dont l’augmentation – via une indemnité – s’élève respectivement à 520 et 300 euros bruts, et sacrifier tous ces praticiens de garde. Nous les représentons, il est de notre devoir de ne pas signer ce protocole d’accord. Comment aborder une nouvelle crise sanitaire si on fait fuir les médecins ?
 
Après cet échec dans le cadre du Ségur,
APH et JM demandent l’ouverture rapide, dès la rentrée 2020
d’Etats Généraux pour l’attractivité des carrières hospitalières.
La France a besoin d’un hôpital performant à toute heure, aujourd’hui et à l’avenir.

 
 

Dr Jacques Trévidic (CPH)
Dr Jean-François Cibien (AH)
Dr Emanuel Loeb (JM) 

 

 

Le gouvernement fait le choix de sacrifier les praticiens hospitaliers dans le Ségur-Santé

 

L’ÉTAT REFUSE DE FAIRE UN EFFORT POUR GARDER LES MÉDECINS À L’HÔPITAL

 

Après avoir appauvri méticuleusement le système hospitalier et organisé son délitement avec la fermeture de 400 000 lits, et la diminution drastique du nombre de soignants.

Après la première vague de COVID durant laquelle les praticiens hospitaliers ont organisé la gestion de cette crise sanitaire d’une ampleur exceptionnelle tout en assurant la gestion au quotidien de tous nos concitoyens.

Après six semaines de réunions, après des heures passées à écrire des contributions, à participer aux discussions, en demandant l’ouverture de négociations et non de simples concertations.

Après la consultation des praticiens hospitaliers, avec un taux de participation exceptionnel, témoin de l’intérêt des praticiens à moderniser le statut de praticien hospitalier pour le rendre attractif et sauver l’hôpital public, avec des réponses très claires.

Après une convocation effectuée par SMS 24 heures à l’avance pour une réunion de négociations.

Après des propositions du ministère envoyées le matin de la concertation, identiques à celles proposées lors de notre dernière rencontre jeudi dernier.

Après la présentation des demandes d’APH et JM, à savoir :

  • Une reconnaissance du temps travaillé conformément aux directives européennes, notamment 24 heures = 5 demi-journées et l’intégration du samedi matin à la permanence des soins ;
  • Une revalorisation de l’IESPE à 1000 euros net ;
  • Une revalorisation de l’indemnité de sujétion (paiement de la garde de nuit et des week-ends) à hauteur de celle que touchent les universitaires et les médecins libéraux ;
  • Un maintien de l’ancienneté (après la suppression des 3 premiers échelons) et la création de 3 échelons en fin de carrière ;

 

Après une longue suspension de séance à la demande du Ministre des Solidarités et de la Santé.

À son retour, celui-ci nous annonce froidement que nos demandes sont totalement déraisonnables, et que l’enveloppe dédiée aux praticiens dans le cadre du Ségur est immédiatement diminuée, retombant à 300 millions d’euros, sans signature d’accord, et ce dernier quitte la réunion « de négociation ».

Rien n’a été négocié hier, pour les personnels médicaux qui sembleraient être devenus une variable d’ajustement à la veille de la clôture du Ségur. Mais quels sont les projets d’avenir de notre gouvernement ?

Une gestion ultra-libérale de la santé au détriment d’un pourcentage « acceptable » de la population ? La démission programmée de praticiens engagés dans leur vocation à soigner tout le monde sans distinction ? La création d'une politique de santé non pas publique mais privée ?

Grande vision de progrès social !!!

APH et JM déplorent ce mépris pour les praticiens hospitaliers, tout à fait contraire aux annonces du Président de la République.

Nous posons la question de savoir qui veut donner le coup de grâce à l’Hôpital Public en organisant une mise en scène de négociations pour casser les derniers espoirs des praticiens hospitaliers ?

Au-delà de la déception, nous appelons tous les praticiens hospitaliers à se préparer à une mobilisation de grande ampleur pour faire respecter notre profession par la reconnaissance de notre travail, en temps, en compétence, en responsabilité, en pénibilité.

Le Ségur-Santé en ce 8 juillet 2020 portait les espoirs de l’ensemble des praticiens hospitaliers, il porte désormais leur colère et leur incompréhension.

Sans praticien hospitalier, il n’y aura plus d’hôpital public.

Nos concitoyens ne méritent pourtant pas de perdre ce bien commun qu’est l’hôpital public. À l'approche d'une deuxième vague de COVID, APH et JM sensibilisent toute la population qui nous a applaudis sur le mépris affiché pour les soignants et sur la mise en péril de la santé de tous.

Nous exigeons de toute urgence une véritable négociation dans le respect des engagements de nos dirigeants avec les vrais décideurs que sont le Premier Ministre et le Président de la République.

 

 

Jacques Trévidic, Président CPH, Président APH

Jean-François Cibien, Président AH, Vice-président APH

Emanuel Loeb, Président JM

 

 

Avec le soutien du Groupe Pasteur Mutualité

 

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Campagne nationale
" Dis Doc', t'as ton doc' ? "  pour faire évoluer le modèle culturel des médecins !

 

Retrouvez toute l'information dans le communiqué de presse (cliquez ici)

www.cfar.org/didoc/ 

 

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Actu'APH n°16

       

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     Les annonces de recrutement octobre 2023

 

             retrouver ces annonces sur le site reseauprosante.fr

 

Les dernières actus

75 % DES MEDECINS HOSPITALIERS RISQUENT DE QUITTER L’HOPITAL PUBLIC DANS LES 5 ANS… … PARCE QUE PERSONNE NE PREND SOIN DES MEDECINS HOSPITALIERS.

MISSION-FLASH : UN NOUVEAU RATAGE GOUVERNEMENTAL (PREVISIBLE) !

Ce vendredi 1er juillet, Action Praticiens Hôpital dévoilait à la presse les résultats complets de l’enquête « Nuits Blanches » sur la permanence médicale des soins à l’hôpital public : 75 % des praticiens hospitaliers risquent de quitter l’hôpital public dans les 5 ans à cause de la permanence des soins. En parallèle, le rapport de la mission-flash sur les urgences était remis à la Première Ministre. Un rapport sans doute amoindri à la demande de la Première Ministre, puisque seules 41 des multiples propositions [CP1] [WA2] envisagées par la mission ont pu figurer dans le rapport.

le dossier de presse

Lettre aux élus De La République

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Paris, le 22 juin 2022

Monsieur le Président du Sénat,

Monsieur le Président, Madame la rapporteure de la commission d’enquête sur la situation de l’hôpital et le système de santé en France

Mesdames les Sénatrices, Messieurs les Sénateurs,


Action Praticiens Hôpital, union d’Avenir Hospitalier et de la Confédération des Praticiens des Hôpitaux, organisation majoritaire aux dernières élections professionnelles pour le Conseil Supérieur des Personnels Médicaux vous remercie pour l’écoute attentive lors de notre audition au Sénat du 9 décembre 2021. Nous vous remercions pour le rapport que vous avez publié le 29 mars 2022 et nous nous permettons de vous rappeler notre proposition de réfléchir ensemble sur les modalités législatives à mettre en œuvre pour faire évoluer la situation de l’Hôpital Public et de l’accès à un juste soin qui se dégradent sur l’ensemble du territoire national.

Nous représentons les médecins, pharmaciens, odontologistes des hôpitaux et faisons partie des corps intermédiaires élus. Nous sommes issus du terrain et des terroirs de notre Nation. Nous appartenons à l’Hôpital Public pour lequel nous œuvrons jour et nuit pour permettre un accès aux soins à tous nos concitoyens, vos électrices et vos électeurs, pour qu’en France vivre en bonne santé soit et reste une réalité.

Dans cette lettre nous vous résumons une partie de notre analyse sur les points de blocage et les leviers que la Loi devra changer pour que demain le pilier Santé retrouve sa juste place dans notre société. Pour que l’ensemble des praticiens et soignants des établissements de santé, du médico-social comme de la ville puissent retrouver la sérénité d’exercice dont ils ont besoin pour répondre aux attentes des patients et de leur famille.

Nous avons subi depuis des décennies le dogme de la rationalisation fiduciaire et notre système est à bout de souffle, au bord d’une rupture irrémédiable. La France qui dans les années 2000 était à la pointe de la médecine dans le monde se retrouve aujourd’hui au 23ème rang.

Notre rôle de corps intermédiaire a été trop souvent ignoré et parfois maltraité par une gangue administrative qui a parfois perdu le sens des valeurs de notre société. Nous connaissons bien les territoires et ce que nous avons à faire pour le bien commun. Nous vous l’avons démontré depuis longtemps et encore plus lors de la première vague Covid. Nous avons alerté également maintes fois pour que les choses évoluent…

Il semble temps aujourd’hui de changer de méthode et de retrouver des objectifs quantitatifs acceptables mais surtout qualitatifs en termes de juste soin pour les patients et d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle pour nous vos soignants. Ces conditions sont indispensables pour que nos concitoyens puissent retrouver une espérance de vie en bonne santé superposable à celle des autres pays et que les acteurs du soin que nous sommes puissent également retrouver le sens de leurs métiers.

Nous ne sommes pas abstentionnistes ou spectateurs passifs mais des acteurs engagés pour construire le renouveau tant attendu par les Françaises et les Français et clairement exprimé ces dernières semaines. Nous sommes et serons là pour vous aider à reconstruire et à moderniser l’existant pour que le vivre ensemble en bonne santé ne soit plus un mirage mais redevienne une réalité pour toutes et tous en tout point du territoire.

APH est à votre disposition pour travailler dans cette direction dans un respect mutuel et autour des valeurs de notre République.

Prenez soin de vous, des vôtres et de la santé de vos administrés comme celle de l’Hôpital Public et de notre système de soin.

 

APH REAGIT A LA « NOTE AU GOUVERNEMENT » DE MARTIN HIRSCH

 

Tribune APH du 9 mai 2022

 

Martin Hirsch, directeur général de l’APHP, s’est autorisé à envoyer une « note au gouvernement » [1] qui ressemble à un acte de candidature au poste de ministre chargé de la Santé. Dans cette note, adressée en copie à la presse, il étale ses réflexions et ses propositions pour l’hôpital public… Nous nous limiterons ici à commenter ses propositions, exposées comme une profession de foi.

Faire le constat du naufrage de l’hôpital public, annoncé par les syndicats depuis longtemps, fait désormais l’unanimité. Les discours des politiques et des administratifs assurant que l’hôpital tient toujours debout, qu’il a tenu pendant la pandémie, que la résilience des hospitaliers est inaltérable ne sont que façade. La réalité de notre quotidien est tout autre : la souffrance des hospitaliers explose, déprogrammations et fermetures de services résultent du manque de professionnels paramédicaux et médicaux, qui fuient en nombre le service public hospitalier. Nombre de celles et ceux qui restent encore sur le front sont rongés par un épuisement professionnel et personnel.

Cependant, les angles de vue proposés par Martin Hirsch sont inquiétants, en profond décalage avec les métiers du soin et la notion de service public.

  • Considérer que le soin se résume à une productivité mesurable est d’une cruelle indécence pour tous ceux dont on salue la vocation, l’humanisme et tout simplement le professionnalisme. Dans quelque secteur du soin que ce soit, le geste technique – qui rapporte à l’hôpital – n’est rien sans la relation du soignant avec le patient, sans le travail d’équipe, sans la réflexion sur son propre travail. C’est pourtant bien cette perte de sens qui fait fuir ou qui épuise les professionnels de santé.
  • Considérer que le professionnel de santé est un pion qui joue individuellement et que l’on peut balader d’un service à l’autre, d’un établissement à l’autre, d’une région à l’autre est encore une fois oublier le sens du soin à l’hôpital. Une équipe se construit, a une histoire, un projet, elle se renouvelle, mais doit savoir garder ceux qui s’investissent pour elle et doit donner la possibilité à chacun de s’investir, pour se sentir partie prenante de l’œuvre commune de soigner, d’accompagner et du vivre ensemble.
  • Considérer l’hôpital sans la ville oublie que le système de santé doit être centré autour du patient, et de son médecin traitant, et non du CHU parisien. Le champ du médico-social semblerait aussi avoir été omis… Le passage à l’hôpital d’un patient ne devrait se faire que lorsque les moyens de la ville et du premier recours sont dépassés : compétences spécialisées, plateaux techniques et maternités.
  • Défier les corps intermédiaires élus et donc légitimes, c’est-à-dire les syndicats – ce terme n’est même pas mentionné dans sa note – comme ne défendant pas les intérêts des praticiens est particulièrement déplacé. L’exemple de la discussion lors du Ségur sur la permanence des soins… à laquelle il n’a pas participé, contrairement à nous ! – en dit long sur sa vision du dialogue social…

Ainsi, ses propositions sont-elles également en décalage avec les métiers du soin hospitalier.

  • L’attractivité (jamais nommée dans la « note ») ne peut se résumer au problème des rémunérations. Il est si facile d’occulter les réelles difficultés : permanence des soins, temps de travail, reconnaissance de la pénibilité, équilibre vie professionnelle et personnelle, adaptation des contraintes à la parentalité… Le Ségur a été insuffisant, quand il n’a pas été insultant pour les praticiens hospitaliers. Le chantier de l’attractivité est à ouvrir réellement, courageusement : c’est une des priorités à mettre en œuvre immédiatement.
  • La mobilité versus la carrière à vie ? Destructrice de l’équipe et de tout projet professionnel, la perpétuelle mobilité contribuerait à envoyer les praticiens vers des carrières « à vie » dans les établissements qui le proposent : les établissements privés. Si nous sommes d’accord sur le fait que la concentration des prérogatives « clinique, enseignement, recherche et management » sur les seuls hospitalo-universitaires n’a pas de sens, il n’y a en revanche aucune honte à être praticien hospitalier toute sa vie, ou pendant un temps long, dans un même établissement. Il n’y a aucune honte à y travailler sans aspiration hospitalo-universitaire. Le travail hospitalier des praticiens implique la constitution de projets à long terme, d’investissements financiers, mais aussi de création de réseaux avec la ville, le médico-social et de suivi des patients porteurs de pathologies chroniques complexes. Monsieur Hirsch sait-il seulement ce qu’est le travail d’un praticien hospitalier, d’un soignant ?
  • La casse du statut ? Oui, les professionnels de santé gagneraient à être reconnus ou assimilés à des fonctionnaires « régaliens », plutôt que de poursuivre leur engagement dans l’hôpital public tout en voyant des collègues faire de l’intérim pour des rémunérations qui vont jusqu’à dix fois la leur, pour produire de l’acte sans contribuer aux piliers essentiels de l’hôpital que sont l’équipe, les liens entre services et la vie institutionnelle. Tous ces nouveaux contrats dont rêve Monsieur Hirsch ne font pas avancer l’hôpital : ils continuent à le détruire davantage. Les professionnels de santé engagés dans l’hôpital public demandent seulement à être rémunérés en fonction du travail qu’ils réalisent, où pénibilité et responsabilité doivent être prises en compte.
  • La gouvernance souffre en tout premier lieu de démocratie, notamment dans la désignation des chefs de service et de pôle. Aucun projet de réforme de gouvernance ne peut voir le jour sans ce prérequis. L’évocation des instances médicales et paramédicales des instances de gouvernance n’appelle pas la comparaison suggérée par Martin Hirsch : ni leur composition ni leurs missions ne sont comparables, ce d’autant qu’aucune représentation syndicale médicale locale n’est actée dans les établissements publics de santé. Cette absence d’implication des syndicats de praticiens hospitaliers à l’échelon du territoire de santé est une anomalie qui interroge…

Action Praticien Hôpital ne cesse d’appeler à réformer le système de santé et continuera à porter les principes de la qualité de vie des praticiens hospitaliers ; c’est l’intérêt de l’hôpital public : ceux qui y travaillent, ceux qui y sont soignés. Pour nous, le statut de praticiens est un gage de sûreté pour ce corps mais également d’équité sur l’ensemble du territoire national. Contrairement aux propos de Monsieur Hirsch, le cadre qu’il définit comme « rigide » de l’hôpital public ne l’empêche pas d’évoluer. Au contraire, il sécurise une réforme nécessaire, tout en gardant les prérogatives du service public comme les valeurs de la République pour défendre notre système solidaire de santé.

Nous défendrons des actions pour promouvoir un renouveau du système hospitalier et de celui de la santé en conservant les fondamentaux comme ceux des statuts, des engagements par conviction au service des patients et dans un esprit d’équipe et avec une rémunération revalorisée mais sans lien avec de l’intéressement et de la spéculation.

Cette réforme sera coûteuse mais elle est nécessaire, et elle sera efficace.

Ayons le courage de définir la place de l’hôpital public dans le système de santé : il n’est en concurrence ni avec la médecine de ville, ni avec l’activité des cliniques lucratives dont les missions et les objectifs sont différents.

Ayons le courage de mettre sur la table le problème du temps de travail des praticiens hospitaliers, chantier éludé du Ségur, et mettons en regard les rémunérations avec le volume horaire de travail réalisé par les praticiens.

Ayons le courage de corriger l’erreur du Ségur qui a valorisé l’engagement des jeunes sans considérer celui de ceux qui tiennent l’hôpital public depuis des dizaines d’années : donnons à tous la bonification d’ancienneté de 4 ans.

Ayons le courage de mettre sur la table le chantier de la permanence des soins : pas timidement et de manière insultante comme au Ségur, mais par une revalorisation massive à hauteur de la permanence des soins effectuée par les libéraux (le rapport de l’IGAS sur le sujet n’est toujours pas public…), et par une prise en compte des effets collatéraux du travail de nuit : pénibilité, déséquilibre vie professionnelle – vie personnelle, morbidité induite et réduction de l’espérance de vie.

Ayons le courage d’officialiser les mesures d’attractivité plutôt que de laisser perdurer les petits arrangements opaques, à la limite de la légalité, dont le principe et de nombreux exemples sont pourtant connus des tutelles.

Ayons le courage de réformer la gouvernance en imposant une réelle démocratie sanitaire, dans la désignation des chefs de service et de pôle autour d’un projet médico-soignant. Donnons la possibilité de faire exister les syndicats médicaux dans les établissements au même titre que les syndicats paramédicaux. Les syndicats et leurs représentants ont un rôle à joueur pour faire vivre le dialogue social dans les établissements de soins mais également sur les territoires de santé.

Ayons le courage d’un dialogue social équilibré. Les erreurs de trajectoire pour l’hôpital public, et notamment les plus récentes, sont le fruit de négociations tripartites où directeurs et DGOS ont une connivence à peine voilée, tandis que la parole – et même le vote – des praticiens concernant les évolutions est quasiment ignorée. Écouter le terrain sans le suivre nous a conduit dans le mur. Appliquer les propositions des représentants légitimes que sont les syndicats est la seule planche de salut pour l’hôpital public : Action Praticiens Hôpital, union d’Avenir Hospitalier et de la Confédération des Praticiens des Hôpitaux, et ses composantes, représentant l’ensemble des spécialités médicales, odontologiques et pharmaceutiques, majoritaires chez les praticiens hospitaliers et les contractuels aux dernières élections professionnelles, sera présent et force de propositions.

Jean-François Cibien- Président AH, Président APH, 06 07 19 79 83

Carole Poupon - Présidente CPH, Vice-présidente APH ; 06 76 36 56 67

Yves Rébufat - Président exécutif AH , 06 86 87 62 76

[1] https://www.lesechos.fr/economie-france/social/hopital-le-temps-de-la-refondation-1404467

 

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