Le début d’une nouvelle ère

Première exaltante pour AH et CPH : enfin le Conseil supérieur des personnels médicaux (CSPM) rétablit le Droit constitutionnel de chaque profession d’agents publics à bénéficier d’une instance où porter la parole syndicale avant le vote des textes concernant notre profession ! Bien sûr, il ne s’agit là que du CSPM provisoire nommé par la Ministre, ne devant pas durer plus d’un an avant la mise en place du CSPM voulu par le Conseil d’État, qui lui sera issu d’élections. La ténacité d’AH et de la CPH au sein d’APH aura porté ses fruits. La rédaction tenait à vous raconter les débuts du CSPM, ce qui s’est dit durant cette réunion, les réactions des participants et la position d’APH…
 

Une entrée en matière piquante !

La séance du 27 septembre 2018 commence par un tour de table et se poursuit par l’introduction du président (Dominique Deroubaix, directeur d’hôpital fraîchement retraité des HCL), rappelant le long chemin avant de parvenir à la tenue de cette instance. Enfin, la DGOS via Madame Cécile Courrèges, expose son mode de fonctionnement, et rappelle l’ordre du jour : l ‘exposé des motions préliminaires, puis le vote du règlement intérieur.
 
Le tour de table des réactions par intersyndicale est sans grande surprise : la CMH rappelle qu’elle était contre la création du CSPM « qui nous rabaisse au rang de simples aides-soignants », le SNAM renchérit en expliquant que le CSPM ne sert à rien, et l’INPH reste sur le même ton en expliquant que les commissions spécialisées ne servent à rien.
 
Après ce grand moment d’aigreur réactionnaire, Jacques Trévidic pour la CPH exprime son bonheur de pouvoir enfin admirer cette concrétisation de nos efforts pour être entendus de manière obligatoire avant toute promulgation de texte.
 
Votre « serviteur » surenchérit pour AH en citant notamment l’exemple des discussions sur la CSG qui ont abouti à appliquer le même schéma que les fonctionnaires aux PH alors que les conditions de départ étaient différentes, sans jamais que nous soyons consultés !
 

Du temps syndical…

Dans le collège des employeurs, les conférences et la FHF affirment avec force que ce CSPM est indispensable pour que tout le monde soit autour de la table.
 
Emmanuel Loeb, représentant l’INSCCA devenu « Jeunes Médecins » embraye avec une question pratique sur le fait que les CCA n’ont pas de droit à du temps de représentation syndicale et viennent donc siéger grâce à des arrangements « occultes » ou en posant des jours de congé ! Voilà une excellente transition vers une des premières questions qu’il faudra résoudre : celle des moyens syndicaux. Pour l’instant, vos représentants n’ont pas de locaux, pas de moyens autres que vos cotisations, et un temps syndical ridicule (5 ETP pour 45 000 PH soit un ratio 60 fois moindre que les autres professions !).
 
Après ce tour de table, la DGOS rappelle que les commissions servent à travailler les textes pour que les séances plénières du CSPM ne servent qu’à les entériner. Un brin provocatrice, elle rappelle également que si certains élus ne veulent pas siéger, ils n’y sont pas obligés...
 

Et de l’ordre des priorités !

Commence ensuite l’ordre du jour à proprement dit : le fameux « Examen du texte Règlement intérieur ». On aurait pu imaginer une simple formalité, si ce n’avait été la combativité des autres intersyndicales, faisant feu de tout bois (en commençant par un esclandre sur la position des chaises par collège dans la salle !).
D’entrée de jeu, CMH, SNAM et INPH veulent supprimer l’article autorisant la présence des suppléants. Le représentant de la CPH pour le troisième collège (celui des contractuels) rétorque que c’est dans le décret. La DGOS règle donc la question : on garde les suppléants (sans participation aux débats ni aux votes, comme précisé dans le décret).
 
AH et CPH insistent pour que les votes du CSPM soient impérativement présentés par collège et pas groupés. En effet, les trois collèges sont de même taille alors qu’ils représentent trois corps électoraux forts différents par la taille, le collège HU représentant huit fois moins de praticiens. Amendement accepté par l’ensemble des collèges ! 
 
La CPH demande la création d’un espace collaboratif hébergé sur un site accessible à tous les membres. La DGOS répond que ça existe dans certains CSFP mais que c’est encore peu efficace. Il y a encore du travail pour obtenir la démocratie numérique !
Le règlement intérieur avec les amendements APH est voté à l’unanimité des collèges (AH-CPH-JM votent pour, abstention des autres, en dehors d’un dissident HU de l’INPH qui a voté pour le bon sens malgré les protestations de sa présidente !).
 

Fin de séance 

Que penser de cette première ? Une certaine fierté d’avoir rétabli les PH dans le droit, et la sensation que les choses vont avancer malgré les conservatismes et les volontés de blocage d’en face. En effet, l’intersyndicale « Jeunes Médecins » a décidé au lendemain de cette première séance de faire campagne avec APH ! C’est donc une grande alliance progressiste, et résolument tournée vers l’avenir de notre profession, qui briguera vos suffrages dans un an pour la première élection du CSPM qui nous représentera tous face au Gouvernement et au Parlement. Le CSPM sera clairement un outil d’amplification de la représentation syndicale. Depuis trop d’années, les gouvernements successifs ont régulièrement montré du mépris pour les piliers de l’Hôpital que nous sommes. Désormais, aucun texte modifiant notre statut ne pourra plus être voté sans que nous ayons donné notre avis. Nous aurons le droit d’amender les textes officiellement, et plus par un jeu d’influences auprès des bureaux du Ministère. La vraie démocratie est là, les chantiers sont immenses pour rendre à nouveau attractif notre statut, garant de notre indépendance et donc des meilleurs soins à la population. AH, CPH et Jeunes Médecins espèrent obtenir un large vote de confiance afin d’obtenir le meilleur pour tous les mandants, qu’ils soient PH, HU ou contractuels. 
 
À bientôt pour les prochaines séances consacrées aux textes en attente depuis plus d’un an…
 
 
 
Renaud Péquignot (Président d'AH)
 

« Ma Santé 2022 » : un bon diagnostic… suivi d’un abandon de soin pour l’Hôpital !

 
Le 18 septembre dernier, le président de la République dévoilait le plan attendu et tant repoussé, censé révolutionner le système de santé de notre pays. Cette présentation a commencé par un mensonge classique : « le système de santé français coûte cher et est à la troisième place mondiale » alors que son coût est désormais dans la moyenne des pays développés et qu’il connaît une des croissances les plus faibles de l’OCDE ! Un mensonge suivi de plusieurs omissions : sur les niches sociales qui privent la Sécurité Sociale de plus de 50 milliards d’euros par an (selon la Cour des Comptes), sur les séquences d’essorage successives depuis l’arrivée au pouvoir d’Emannuel Macron, sur les postes vacants à l’Hôpital, sur le coût des solutions de remplacement complètement absurdes (à base d’intérim payé deux à six fois plus cher que le temps de travail des PH).
 
Le diagnostic livré ensuite était plutôt juste, et même émouvant, énonçant la souffrance des soignants, l’absence de reconnaissance, le désarroi des patients face aux déserts de médecine libérale et aux urgences complètement embolisées, sur la volonté des jeunes médecins de pouvoir exercer à la fois à l’hôpital et en ville, et sur la nécessité d’un rééquilibrage de la gouvernance à l’hôpital (maintes fois promis, et jamais mis en œuvre…).
Les mesures annoncées furent également plaisantes à entendre, laissant néanmoins certains auditeurs perplexes, quant à leur financement : 
 
  • Fin du numerus clausus : 
- Pour cesser ce double mouvement absurde qui consiste à recaler de brillants étudiants français au motif qu’ils n’ont obtenu « que » 13,9 de moyenne, quand la barre était à 14/20. 
- Pour remplir très partiellement les postes hospitaliers vacants et essayer de réhabiliter les déserts médicaux, sans avoir à faire venir des wagons de médecins étrangers qui manquent cruellement à leur pays d’origine et qui n’ont pas bénéficié d’une formation à la hauteur de ce qui est prodigué en France.
  • Des assistants médicaux libéraux, pour libérer du temps médical et déléguer les gestes simples et certaines parties de l’interrogatoire à de « super-aides-soignants » formés en un an : l’idée est de permettre à un médecin généraliste de couvrir une plus grande population pour lutter contre les déserts médicaux à moyen médical constant, en attendant 15 ans pour observer les effets de la suppression du numerus clausus.
  • L’accentuation du virage ambulatoire, alors que tout ce qui pouvait être fait facilement l’a déjà été.
  • Une « meilleure reconnaissance du travail » des soignants, ce qui implique de cesser de les matraquer financièrement comme depuis huit ans tous bords confondus.
  • Une réouverture des hôpitaux de proximité grâce à une cohorte de 4000 médecins généralistes d’exercice mixte, réservés à trois services de proximité : médecine polyvalente, SSR polyvalent et gériatrie aiguë.
  • La création de Communautés Profes­sionnelles Territoriales de Santé (un millier de mailles de 20 000 à 100 000 habitants pour couvrir l’ensemble de la France), associant tous les professionnels de santé (pas seulement médicaux) avec un dossier partagé, et en relation étroite avec l’hôpital.
  • Le développement du dossier patient numérique et de la télémédecine.

 
 
Quant à l’annonce du financement, cela nous a laissé perplexe : une réévaluation de l’ONDAM ridicule, pour le faire passer de 2,3 à 2,5 %, soit à peine 400 millions qui ne couvriront même pas la hausse de l’inflation ! Chacune des mesures citées coûtera plusieurs milliards d’euros et permettra d’économiser encore plus, seulement plus tard. Cependant, la mise de départ doit être à la hauteur, sinon aucune de ces évolutions souhaitables ne se fera correctement. Une réforme mal menée coûte de l’argent et ne résout rien.
 
Le coup de grâce survint quelques jours plus tard, avec l’annonce d’une diminution des dépenses de santé de 3,8 milliards d’euros pour 2019, comme si les 50 milliards de niches n’étaient jamais suffisantes ! Ce procédé est habituel de la part de ce gouvernement : on se rappelle tous de la très empathique sortie de la ministre de la Santé et des Solidarité, Agnès Buzyn, sur le personnel hospitalier qui n’en pouvait plus et qu’il fallait cesser d’accabler, suivie quelques jours plus tard de l’annonce par la même Ministre de la suppression de 1,2 milliards d’euros sur la masse salariale des hôpitaux, correspondant à la suppression de 30 000 postes. On se souvient également de l’annonce en grande pompe du lancement de la STSS par le Premier ministre Édouard Philippe, immédiatement suivie de l’annonce d’une nouvelle baisse des tarifs.
 
Cette façon de traiter l’ensemble des professionnels de santé, en combinant des annonces justes qui suscitent de l’espoir, puis des mesures réelles totalement injustes, ne pourra pas durer encore très longtemps sans que s’exprime de plus en plus bruyamment la réalité de la vie au quotidien dans les hôpitaux, pour les PH comme pour les soignants.
 
Le gouvernement doit tenir ses promesses et accorder à la Santé tout le soin qu’exigent les Français de manière continue dans toutes les enquêtes d’opinion comme dans les conversations entendues par les professionnels de santé à leur contact.
 
Renaud Péquignod (Président d'AH)
 
 

Les annonces de recrutement

 

Mars 2019

Anesthésie-réanimation, cardiologie, gériatrie, médecine générale, médecine d'urgence, pédiatrie, psychiatrie

AH n°11

Avec le soutien du Groupe Pasteur Mutualité

 

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Campagne nationale
" Dis Doc', t'as ton doc' ? "  pour faire évoluer le modèle culturel des médecins !

 

Retrouvez toute l'information dans le communiqué de presse (cliquez ici)

www.cfar.org/didoc/ 

 

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Actu'APH n°16

       

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     Les annonces de recrutement octobre 2023

 

             retrouver ces annonces sur le site reseauprosante.fr

 

Les dernières actus

75 % DES MEDECINS HOSPITALIERS RISQUENT DE QUITTER L’HOPITAL PUBLIC DANS LES 5 ANS… … PARCE QUE PERSONNE NE PREND SOIN DES MEDECINS HOSPITALIERS.

MISSION-FLASH : UN NOUVEAU RATAGE GOUVERNEMENTAL (PREVISIBLE) !

Ce vendredi 1er juillet, Action Praticiens Hôpital dévoilait à la presse les résultats complets de l’enquête « Nuits Blanches » sur la permanence médicale des soins à l’hôpital public : 75 % des praticiens hospitaliers risquent de quitter l’hôpital public dans les 5 ans à cause de la permanence des soins. En parallèle, le rapport de la mission-flash sur les urgences était remis à la Première Ministre. Un rapport sans doute amoindri à la demande de la Première Ministre, puisque seules 41 des multiples propositions [CP1] [WA2] envisagées par la mission ont pu figurer dans le rapport.

le dossier de presse

Lettre aux élus De La République

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Paris, le 22 juin 2022

Monsieur le Président du Sénat,

Monsieur le Président, Madame la rapporteure de la commission d’enquête sur la situation de l’hôpital et le système de santé en France

Mesdames les Sénatrices, Messieurs les Sénateurs,


Action Praticiens Hôpital, union d’Avenir Hospitalier et de la Confédération des Praticiens des Hôpitaux, organisation majoritaire aux dernières élections professionnelles pour le Conseil Supérieur des Personnels Médicaux vous remercie pour l’écoute attentive lors de notre audition au Sénat du 9 décembre 2021. Nous vous remercions pour le rapport que vous avez publié le 29 mars 2022 et nous nous permettons de vous rappeler notre proposition de réfléchir ensemble sur les modalités législatives à mettre en œuvre pour faire évoluer la situation de l’Hôpital Public et de l’accès à un juste soin qui se dégradent sur l’ensemble du territoire national.

Nous représentons les médecins, pharmaciens, odontologistes des hôpitaux et faisons partie des corps intermédiaires élus. Nous sommes issus du terrain et des terroirs de notre Nation. Nous appartenons à l’Hôpital Public pour lequel nous œuvrons jour et nuit pour permettre un accès aux soins à tous nos concitoyens, vos électrices et vos électeurs, pour qu’en France vivre en bonne santé soit et reste une réalité.

Dans cette lettre nous vous résumons une partie de notre analyse sur les points de blocage et les leviers que la Loi devra changer pour que demain le pilier Santé retrouve sa juste place dans notre société. Pour que l’ensemble des praticiens et soignants des établissements de santé, du médico-social comme de la ville puissent retrouver la sérénité d’exercice dont ils ont besoin pour répondre aux attentes des patients et de leur famille.

Nous avons subi depuis des décennies le dogme de la rationalisation fiduciaire et notre système est à bout de souffle, au bord d’une rupture irrémédiable. La France qui dans les années 2000 était à la pointe de la médecine dans le monde se retrouve aujourd’hui au 23ème rang.

Notre rôle de corps intermédiaire a été trop souvent ignoré et parfois maltraité par une gangue administrative qui a parfois perdu le sens des valeurs de notre société. Nous connaissons bien les territoires et ce que nous avons à faire pour le bien commun. Nous vous l’avons démontré depuis longtemps et encore plus lors de la première vague Covid. Nous avons alerté également maintes fois pour que les choses évoluent…

Il semble temps aujourd’hui de changer de méthode et de retrouver des objectifs quantitatifs acceptables mais surtout qualitatifs en termes de juste soin pour les patients et d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle pour nous vos soignants. Ces conditions sont indispensables pour que nos concitoyens puissent retrouver une espérance de vie en bonne santé superposable à celle des autres pays et que les acteurs du soin que nous sommes puissent également retrouver le sens de leurs métiers.

Nous ne sommes pas abstentionnistes ou spectateurs passifs mais des acteurs engagés pour construire le renouveau tant attendu par les Françaises et les Français et clairement exprimé ces dernières semaines. Nous sommes et serons là pour vous aider à reconstruire et à moderniser l’existant pour que le vivre ensemble en bonne santé ne soit plus un mirage mais redevienne une réalité pour toutes et tous en tout point du territoire.

APH est à votre disposition pour travailler dans cette direction dans un respect mutuel et autour des valeurs de notre République.

Prenez soin de vous, des vôtres et de la santé de vos administrés comme celle de l’Hôpital Public et de notre système de soin.

 

APH REAGIT A LA « NOTE AU GOUVERNEMENT » DE MARTIN HIRSCH

 

Tribune APH du 9 mai 2022

 

Martin Hirsch, directeur général de l’APHP, s’est autorisé à envoyer une « note au gouvernement » [1] qui ressemble à un acte de candidature au poste de ministre chargé de la Santé. Dans cette note, adressée en copie à la presse, il étale ses réflexions et ses propositions pour l’hôpital public… Nous nous limiterons ici à commenter ses propositions, exposées comme une profession de foi.

Faire le constat du naufrage de l’hôpital public, annoncé par les syndicats depuis longtemps, fait désormais l’unanimité. Les discours des politiques et des administratifs assurant que l’hôpital tient toujours debout, qu’il a tenu pendant la pandémie, que la résilience des hospitaliers est inaltérable ne sont que façade. La réalité de notre quotidien est tout autre : la souffrance des hospitaliers explose, déprogrammations et fermetures de services résultent du manque de professionnels paramédicaux et médicaux, qui fuient en nombre le service public hospitalier. Nombre de celles et ceux qui restent encore sur le front sont rongés par un épuisement professionnel et personnel.

Cependant, les angles de vue proposés par Martin Hirsch sont inquiétants, en profond décalage avec les métiers du soin et la notion de service public.

  • Considérer que le soin se résume à une productivité mesurable est d’une cruelle indécence pour tous ceux dont on salue la vocation, l’humanisme et tout simplement le professionnalisme. Dans quelque secteur du soin que ce soit, le geste technique – qui rapporte à l’hôpital – n’est rien sans la relation du soignant avec le patient, sans le travail d’équipe, sans la réflexion sur son propre travail. C’est pourtant bien cette perte de sens qui fait fuir ou qui épuise les professionnels de santé.
  • Considérer que le professionnel de santé est un pion qui joue individuellement et que l’on peut balader d’un service à l’autre, d’un établissement à l’autre, d’une région à l’autre est encore une fois oublier le sens du soin à l’hôpital. Une équipe se construit, a une histoire, un projet, elle se renouvelle, mais doit savoir garder ceux qui s’investissent pour elle et doit donner la possibilité à chacun de s’investir, pour se sentir partie prenante de l’œuvre commune de soigner, d’accompagner et du vivre ensemble.
  • Considérer l’hôpital sans la ville oublie que le système de santé doit être centré autour du patient, et de son médecin traitant, et non du CHU parisien. Le champ du médico-social semblerait aussi avoir été omis… Le passage à l’hôpital d’un patient ne devrait se faire que lorsque les moyens de la ville et du premier recours sont dépassés : compétences spécialisées, plateaux techniques et maternités.
  • Défier les corps intermédiaires élus et donc légitimes, c’est-à-dire les syndicats – ce terme n’est même pas mentionné dans sa note – comme ne défendant pas les intérêts des praticiens est particulièrement déplacé. L’exemple de la discussion lors du Ségur sur la permanence des soins… à laquelle il n’a pas participé, contrairement à nous ! – en dit long sur sa vision du dialogue social…

Ainsi, ses propositions sont-elles également en décalage avec les métiers du soin hospitalier.

  • L’attractivité (jamais nommée dans la « note ») ne peut se résumer au problème des rémunérations. Il est si facile d’occulter les réelles difficultés : permanence des soins, temps de travail, reconnaissance de la pénibilité, équilibre vie professionnelle et personnelle, adaptation des contraintes à la parentalité… Le Ségur a été insuffisant, quand il n’a pas été insultant pour les praticiens hospitaliers. Le chantier de l’attractivité est à ouvrir réellement, courageusement : c’est une des priorités à mettre en œuvre immédiatement.
  • La mobilité versus la carrière à vie ? Destructrice de l’équipe et de tout projet professionnel, la perpétuelle mobilité contribuerait à envoyer les praticiens vers des carrières « à vie » dans les établissements qui le proposent : les établissements privés. Si nous sommes d’accord sur le fait que la concentration des prérogatives « clinique, enseignement, recherche et management » sur les seuls hospitalo-universitaires n’a pas de sens, il n’y a en revanche aucune honte à être praticien hospitalier toute sa vie, ou pendant un temps long, dans un même établissement. Il n’y a aucune honte à y travailler sans aspiration hospitalo-universitaire. Le travail hospitalier des praticiens implique la constitution de projets à long terme, d’investissements financiers, mais aussi de création de réseaux avec la ville, le médico-social et de suivi des patients porteurs de pathologies chroniques complexes. Monsieur Hirsch sait-il seulement ce qu’est le travail d’un praticien hospitalier, d’un soignant ?
  • La casse du statut ? Oui, les professionnels de santé gagneraient à être reconnus ou assimilés à des fonctionnaires « régaliens », plutôt que de poursuivre leur engagement dans l’hôpital public tout en voyant des collègues faire de l’intérim pour des rémunérations qui vont jusqu’à dix fois la leur, pour produire de l’acte sans contribuer aux piliers essentiels de l’hôpital que sont l’équipe, les liens entre services et la vie institutionnelle. Tous ces nouveaux contrats dont rêve Monsieur Hirsch ne font pas avancer l’hôpital : ils continuent à le détruire davantage. Les professionnels de santé engagés dans l’hôpital public demandent seulement à être rémunérés en fonction du travail qu’ils réalisent, où pénibilité et responsabilité doivent être prises en compte.
  • La gouvernance souffre en tout premier lieu de démocratie, notamment dans la désignation des chefs de service et de pôle. Aucun projet de réforme de gouvernance ne peut voir le jour sans ce prérequis. L’évocation des instances médicales et paramédicales des instances de gouvernance n’appelle pas la comparaison suggérée par Martin Hirsch : ni leur composition ni leurs missions ne sont comparables, ce d’autant qu’aucune représentation syndicale médicale locale n’est actée dans les établissements publics de santé. Cette absence d’implication des syndicats de praticiens hospitaliers à l’échelon du territoire de santé est une anomalie qui interroge…

Action Praticien Hôpital ne cesse d’appeler à réformer le système de santé et continuera à porter les principes de la qualité de vie des praticiens hospitaliers ; c’est l’intérêt de l’hôpital public : ceux qui y travaillent, ceux qui y sont soignés. Pour nous, le statut de praticiens est un gage de sûreté pour ce corps mais également d’équité sur l’ensemble du territoire national. Contrairement aux propos de Monsieur Hirsch, le cadre qu’il définit comme « rigide » de l’hôpital public ne l’empêche pas d’évoluer. Au contraire, il sécurise une réforme nécessaire, tout en gardant les prérogatives du service public comme les valeurs de la République pour défendre notre système solidaire de santé.

Nous défendrons des actions pour promouvoir un renouveau du système hospitalier et de celui de la santé en conservant les fondamentaux comme ceux des statuts, des engagements par conviction au service des patients et dans un esprit d’équipe et avec une rémunération revalorisée mais sans lien avec de l’intéressement et de la spéculation.

Cette réforme sera coûteuse mais elle est nécessaire, et elle sera efficace.

Ayons le courage de définir la place de l’hôpital public dans le système de santé : il n’est en concurrence ni avec la médecine de ville, ni avec l’activité des cliniques lucratives dont les missions et les objectifs sont différents.

Ayons le courage de mettre sur la table le problème du temps de travail des praticiens hospitaliers, chantier éludé du Ségur, et mettons en regard les rémunérations avec le volume horaire de travail réalisé par les praticiens.

Ayons le courage de corriger l’erreur du Ségur qui a valorisé l’engagement des jeunes sans considérer celui de ceux qui tiennent l’hôpital public depuis des dizaines d’années : donnons à tous la bonification d’ancienneté de 4 ans.

Ayons le courage de mettre sur la table le chantier de la permanence des soins : pas timidement et de manière insultante comme au Ségur, mais par une revalorisation massive à hauteur de la permanence des soins effectuée par les libéraux (le rapport de l’IGAS sur le sujet n’est toujours pas public…), et par une prise en compte des effets collatéraux du travail de nuit : pénibilité, déséquilibre vie professionnelle – vie personnelle, morbidité induite et réduction de l’espérance de vie.

Ayons le courage d’officialiser les mesures d’attractivité plutôt que de laisser perdurer les petits arrangements opaques, à la limite de la légalité, dont le principe et de nombreux exemples sont pourtant connus des tutelles.

Ayons le courage de réformer la gouvernance en imposant une réelle démocratie sanitaire, dans la désignation des chefs de service et de pôle autour d’un projet médico-soignant. Donnons la possibilité de faire exister les syndicats médicaux dans les établissements au même titre que les syndicats paramédicaux. Les syndicats et leurs représentants ont un rôle à joueur pour faire vivre le dialogue social dans les établissements de soins mais également sur les territoires de santé.

Ayons le courage d’un dialogue social équilibré. Les erreurs de trajectoire pour l’hôpital public, et notamment les plus récentes, sont le fruit de négociations tripartites où directeurs et DGOS ont une connivence à peine voilée, tandis que la parole – et même le vote – des praticiens concernant les évolutions est quasiment ignorée. Écouter le terrain sans le suivre nous a conduit dans le mur. Appliquer les propositions des représentants légitimes que sont les syndicats est la seule planche de salut pour l’hôpital public : Action Praticiens Hôpital, union d’Avenir Hospitalier et de la Confédération des Praticiens des Hôpitaux, et ses composantes, représentant l’ensemble des spécialités médicales, odontologiques et pharmaceutiques, majoritaires chez les praticiens hospitaliers et les contractuels aux dernières élections professionnelles, sera présent et force de propositions.

Jean-François Cibien- Président AH, Président APH, 06 07 19 79 83

Carole Poupon - Présidente CPH, Vice-présidente APH ; 06 76 36 56 67

Yves Rébufat - Président exécutif AH , 06 86 87 62 76

[1] https://www.lesechos.fr/economie-france/social/hopital-le-temps-de-la-refondation-1404467

 

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