Réflexion sur la consultation pré-anesthésique

 

Max Doppia avait livré en 2015 sa réflexion sur la consultation pré-anesthésique (CPA), comme la trame d’un éventuel article. Elle n’a pas pris une ride. Elle est d’autant plus d’actualité qu’un décret paru au JO le 30 octobre dernier modifie celui qualifié de « sécurité anesthésique » de 1994 et autorise la réalisation de la surveillance post interventionnelle en chambre ou espaces adaptés, et non en salle dédiée, sous certaines conditions.

1 - Le Décret sécurité anesthésique prévoit qu’on ne peut pas procéder à un acte d’anesthésie sans que le patient n’ait bénéficié d’une CPA détaillée dans un dossier médical. Jusqu’à preuve du contraire, il s’agit bien d’une consultation médicale et non pas paramédicale.
En conséquence de quoi, et en application du Code de Déontologie, le médecin est seul juge des conditions dans lesquelles il peut délivrer des soins consciencieux (une anesthésie bien pensée) au patient. Consciencieux, ce n’est pas un mot au hasard, c’est donc plutôt à dire « en sa conscience ».
 
2 - Je n’accepte pas qu’une organisation me dicte ma conscience pour quel que motif que ce soit. 
J’ai besoin d’établir la relation entre le patient et moi-même, ou, par mon intermédiaire, la relation entre le patient et l’équipe médicale qui le prendra en charge. 
J’assume pleinement cette organisation. Mais je n’accepte pas d'assumer celle qui verrait substituer un paramédical à un médical.
 
3 - Je suis peut-être vieux jeu ou idéaliste, mais il en va de l’idée que je me fais du métier que j’ai choisi mais aussi du contrat de soin que nous passons avec les patients qui viennent pour notre expertise. 
Cette expertise n’est pas que technique ou de simple débrouillage des ATCD. Elle est aussi plus globalement, celle conférée à tout médecin pour ce qu’il a accompli comme parcours pour établir « ses savoirs » et aller au-delà de sa technique ou de sa spécialité. 
(par exemple, entendre une confidence qui n’a rien à voir avec la chirurgie, prodiguer un conseil médical, orienter vers une consultation spécialisée un enfant « à problèmes », ou une femme battue, un toxicomane, etc. en plus de ce qui justifie la consultation par elle-même.
 
4 - Je n’ai pas la maîtrise du parcours professionnel de l’IADE. Je n’ai pas autorité sur elle ni sur les formations qui me sembleraient adaptées, sur ses plannings, ou même ses affectations ponctuelles, puisque je ne suis pas son employeur. 
De plus en plus, les cadres « nous enlèvent » des IADE prévues au bloc pour motif d’arrêts maladie à remplacer ailleurs etc. On n’a rien à dire et c’est imposé comme un management qui ne nous revient pas. Donc, nous n’avons pas de poids là-dessus. 
En conséquence, en tant que Docteur en médecine et non pas salarié ou rouage d’un service, je fixe les conditions qui doivent prévaloir à mon exercice médical au bloc en bout de parcours à savoir une consultation médicale => une anesthésie, sinon, rien ! 
Et là, c’est mon choix et personne ne peut me le refuser. J’ai sué 12 ans pour arriver à ce degré d’autonomie reconnu par des diplômes, je me suis engagé dans l’hôpital public pour y exercer mon métier et mes fonctions, et ce ne sont pas quelques spécimens managers qui pensent « affaires courantes » qui vont me le faire oublier...
Donc, pour moi, le débat est clos. Rien ne peut m’imposer de dériver de ma pratique. Le manque de moyens médicaux ? Où est la responsabilité ? Pas chez moi. 
 
5 - En revanche, et là, c’est autre chose, je ne suis pas opposé à ce qu’une IDE reporte sur le dossier d’anesthésie informatisé en tapant à la machine, des éléments pour lesquels ma plus-value n’est pas majeure : le poids la taille, la PA, SpO2, les opérations antérieures, le signalement de transfusions, de traitements… MAIS, je vois tous les patients munis de ce pré-dossier, et je valide les informations inscrites en les explicitant autant que nécessaire. Et je procède à l’examen clinique et aux prescriptions préopératoires, car c’est ma fonction de médecin et d’anesthésiste réanimateur et qui justifie mon titre ( ce n’est pas rien !) et mon salaire ou mes honoraires ( ce qui n’est pas rien non plus… car il faut bien nous dire que nos confrères nous attendent au tournant pour dire que nous facilitons la détérioration de l’image du médecin et la valeur de ses actes...
 
Je suis donc en l’état du droit, totalement libre de refuser un schéma de pratiques de responsabilités qui ne me convient pas, article 51 ou pas. Sans compter que la CPA est aussi une « respiration » et un espace de créativité pour nous changer les idées hors du bloc opératoire avec pour le coup « notre bureau » à nous !
 
Max-André Doppia (2015)

La parole au SNPHARE : le choc d'attractivité

 
Il y a un an, le SNPHARE rendait publics les résultats de l’enquête CONTRAMAR, concernant les conditions de travail des médecins anesthésistes-réanimateurs. Les principaux résultats, représentés dans l’infographie ci-contre, illustrent l’indispensable « choc d’attractivité » dont l’hôpital public a besoin de toute urgence.
 
 
Ce choc d’attractivité commence par l’arrêt du mépris des praticiens hospitaliers par la gouvernance, et appelle des mesures qui doivent se prendre à l’échelon local comme à l’échelon national !
 
- Respect de la directive européenne du temps de travail, qui est de 48 heures hebdomadaires maximum et non de 48 heures impératives ; cela implique que si 10 demi-journées font 48 heures maximum, une garde de 24 heures ne peut faire moins de 5 demi-journées ; si des arrangements internes dans ce sens existent dans certains établissements, il serait temps de généraliser enfin cette évidence mathématique.
 
- Contractualisation du temps de travail additionnel, qui doit rester sur la base du volontariat ; cette enquête montrait d’ailleurs une « autocensure » des praticiens à renoncer à leur temps libre (en faisant du TTA auto-contraint).
 
-  Sécurisation de l’exercice du métier, pour garantir la sécurité des patients : l’autonomie des anesthésistes-réanimateurs est bien mise à mal lorsque le nombre de salles ou les moyens humains mis à disposition sont quotidiennement insuffisants pour la prise en charge décente des patients.
 
- Réflexion sur la démographie qui doit aller au-delà de la seniorisation « forcée » des internes ou la délégation de tâches médicales à des personnels paramédicaux.
 
- Rémunération à hauteur des compétences et des responsabilités des praticiens hospitaliers, pour l’activité programmée comme pour la permanence des soins.
 
… choc d’attractivité qui n’est même pas effleuré par « Ma Santé 2022 »…
 
Anne Geffroy-Wernet, Vice-Présidente du SNPHARE

Actualités

Conseil supérieur des personnels médicaux (CSPM)

Cette nouvelle instance nationale destinée à officialiser le dialogue social avec les syndicats examine pour avis les textes (loi, décrets…) concernant les personnels médicaux hospitaliers. Lors de la séance du 8 novembre, plusieurs textes ont reçu un avis favorable des collèges concernés. Voir le compte-rendu : https://aph-france.fr/IMG/pdf/cp_aph_jm_cspm_09-11-18.pdf.
 

Recertification 

Un rapport du Pr Uzan préconise une recertification des médecins tous les 6 ans. Entre son côté « nouvelle usine à gaz » et la nécessité d'assurer la remise à niveau des connaissances des praticiens, il y a un gouffre qu'on appelle bureaucratie. Depuis les ordonnances Juppé de 1996, toutes les réformes de la formation continue ne cessent d'échouer. Un seul exemple : le DPC, principal élément de cette recertification. Les éléments que nous livrent régulièrement l'ANFH sur les programmes financés par l'ANDPC, c'est à dire correspondant aux orientations prioritaires et validés par les CSI, démontrent que ceux-ci ne constituent qu'une faible partie des demandes de financement. Pourquoi ? Parce que les critères imposés par l'ANDPC sont bien trop lourds pour les organismes de formation et les praticiens. En théorie, la fin de la première période de 3 ans où l'on devrait avoir accompli son parcours DPC devrait se situer en 2019. Combien de praticiens hospitaliers auront effectué au moins une formation prioritaire validée par l'ANDPC ? Très peu. Est-il donc raisonnable de poursuivre cette fuite en avant ? Telle est la question.
 

PADHUE

Alors que la situation de 4000 de ces praticiens était critique en raison de la fin programmée de leur autorisation le 31 décembre 2018, le gouvernement vient à la fois de prolonger leur situation et va mettre en place un dispositif pérenne qui permettra l’intégration du plus grand nombre. Voir http://www.cphweb.info/IMG/pdf/presentation_
 

Expertises judiciaires

Le gouvernement avait décidé de mettre fin au statut de COSP pour les praticiens hospitaliers qui pratiquent des expertises judiciaires, à travers un amendement au PLFSS 2019 présenté à l’Assemblée nationale, les obligeant à s’installer comme indépendant. La mobilisation syndicale a semble-t-il payé puisque, in extremis, le Gouvernement a approuvé un nouvel amendement, cette fois-ci au Sénat, les réintégrant. Il faudra attendre la promulgation de la loi au Journal officiel pour être fixé définitivement.
 

Ma Santé 2022

Le plan lancé par le Président de la République le 18 septembre va entrer dans sa phase opérationnelle. La Ministre de la santé a présenté lundi 19 novembre les pilotes des 10 chantiers retenus. Une série de concertation va être lancée avec comme objectif un projet de loi début 2019 qui autorisera le Gouvernement à légiférer par ordonnances, puis commencera la rédaction des décrets. Concernant les dispositions statutaires pour les praticiens hospitaliers, le Gouvernement prévoit 18 mois de concertation.
 

CNG

Un autre amendement gouvernemental, adopté celui-là conjointement par l’Assemblée nationale et le Sénat, a confié à la seule assurance maladie le financement du CNG et supprimé les cotisations des hôpitaux prévues pour son fonctionnement. Dans le même temps, l’assurance maladie a décidé de baisser sa part du financement du CNG pour 2019 de 4,1 M€ après l’avoir baissé en 2018 de 2,8 M€. Sur un budget annuel de 31 M€, c’est clairement la survie de cette institution qui est en péril et donc, la gestion nationale des carrières médicales hospitalières. L’ensemble des organisations syndicales de praticiens et de directeurs ainsi que la FHF, se sont exprimés contre cette réforme non concertée et le Conseil d’administration du CNG a refusé de valider ce budget catastrophique. Le dossier est donc loin d’être clos.
 

OSAT

Le site de l’Observatoire de la souffrance au travail d’APH reçoit en permanence de nouvelles déclarations. N’hésitez pas à le faire connaître. Les informations recueillies sont précieuses pour l’action syndicale et permettent de faire le point avec les collègues qui souhaitent être contactés.
 
Jacques Trévidic, Président d’APH

La parole au SPH : psychiatrie publique, le temps de la colère

Je marche seul… 

 
Lors du Conseil National ce 27 novembre 2018 nous avons demandé à tous nos représentants syndicaux de présenter le tour de France des mobilisations.
Nous avons mesuré les effets destructeurs sur le dispositif de soins en psychiatrie publique de l’abandon de la politique de secteur, amplifié par les attaques massives sur le plan des moyens alloués par l’État aux soins de santé mentale. 
 
Les mouvements de ruptures idéologiques impactent violemment toutes nos organisations et références. 
Ce mouvement de dé liaison entraine partout des ruptures des réseaux que les équipes avaient mis des années à construire et des replis vers des structures morcelées où les collègues, psychiatres des hôpitaux, se retrouvent de plus en plus seuls.
 
C’est bien l’organisation spécifique associant proximité par des implantations au cœur de la cité et continuité des soins par une même équipe œuvrant dans les différents temps d’un parcours de soins coordonné qui avait permis les avancées majeures de notre discipline en pratiques ambulatoires.
 

Invisibilité 

Agnès Buzyn a annoncé dans sa feuille de route le 28 juin 2018, la « préservation » des financements de la psychiatrie !
Cette annonce du maintien en précarité du parent pauvre de la médecine selon ses termes de janvier, était totalement inacceptable ! 
Préserver le financement ! Mais de quoi parlons-nous ? Quand chacun vit dans son exercice quotidien les effets dévastateurs de mesures d’économie imposées à notre discipline !
Dans son discours « Ma santé 2022 » et ses 54 promesses le Président Macron n’a prononcé qu’une fois le mot psychiatrie et le résultat sur papier est quasiment nul. 
Aucune ligne politique affirmée pour la discipline, une reprise au gout du jour de quelques orientations antérieures et surtout une absence de volonté de répondre avec force à la réalité des besoins de soins.
Les diminutions autoritaires ou les gels des DAF pérennisés par les ARS et les Plans de Retour à l’Equilibre suite à ces déficits organisés ne sont plus acceptables ! 
 

Du besoin de reconnaissance…

Agnès Buzyn avait affirmé en juillet 2017 : "Nous avons un déficit démographique en psychiatres et notamment en pédopsychiatres, c'est une véritable catastrophe pour l'accès au dépistage précoce et la prévention"
Le niveau démographique des psychiatres et de leurs équipes dans le cadre général de la politique d’austérité, est le risque majeur !
Le taux de vacance statutaire continue à progresser au-delà de la moyenne des disciplines avec un taux à 28,7 % pour les PH temps plein et à 49,8C% pour les PH temps partiel.
Pour la psychiatrie c’est un total de 2525 postes de praticiens qui ne sont pas occupés par des titulaires !
Les soignants en psychiatrie souffrent du déni par les pouvoirs publics de l’importance de leur apport à la santé de la population. Cette absence grave de reconnaissance, vécue dans une grande souffrance, s’est transformée en colère dans nombreux établissements et ce mouvement ne fait que s’amplifier. 
À quand un Grenelle de la Psychiatrie ? À quand un plan avec un financement objectif en phase réelle avec les besoins en soins ? À quand des mesures fortes et courageuses ?
 
Marc Betremieux, Président SPH 
 

Quel avenir pour l’hôpital public ?

    

André Grimaldi                       Anne Gervais

La rédaction vous propose une lecture nécessaire pour compléter cette rubrique inter générations ! Ce texte, à propos de l’avenir de l’hôpital public, a été écrit par André Grimaldi, professeur émérite de la Pitié Salpetrière et « lanceur d’alerte » et Anne Gervais, vice-Présidente de la CME de l'AP-HP qui exerce au service d'hépato-gastro-entérologie de l'Hôpital Louis-Mourier à Colombes. 

 
La crise de l’hôpital public est maintenant connue de tous et a de multiples causes.
 
- L’agonie prolongée du pouvoir mandarinal n’a pas permis de constituer une communauté médicale fonctionnant démocratiquement. Le « nouveau management » par la norme et par le nombre a favorisé l’éclatement des communautés soignantes (médicales et paramédicales). 
 
- L’affaiblissement du « pouvoir médical » a facilité le développement d’une techno-bureaucratie. Les soins et la recherche sont désormais plus entravés qu’encadrés par des règlements. Au nom de la sécurité et de la qualité, les soignants croulent sous les procédures. Ils ont perdu leur autonomie, condition de l’innovation et de la satisfaction au travail. 
 
- Certains jugent que la médecine est devenue industrielle. Ce discours idéologique rentre en parfaite résonnance avec le New Public Management (NPM) estimant que tout service public doit être géré comme une entreprise privée ayant pour objectif la rentabilité.
 
- L’hôpital souffre depuis plus de 10 ans d’un sous financement participant à la désorganisation, entraînant une baisse d’efficience et produisant un cercle vicieux destructeur. Les 35 heures ont été sous financées et ont entraîné la bombe à retardement des compte épargne-temps. Depuis cinq ans, l’hôpital sert de volant de régulation pour tenir l’objectif des dépenses de la Sécurité sociale voté par l’assemblée nationale. À la fin des fins, l’hôpital public se chargera t-il des activités non rentables – les maladies très graves et les patients très pauvres – laissant l’activité rentable aux cliniques commerciales ?
 

Dix propositions pour une Réforme Debré 2

1 - Parmi les CHU, 5 à 10 ont un niveau de recherche international. Ils pourraient constituer la tête de pont de groupement de recherche universitaire. La recherche clinique devrait être à la fois mieux financée et mieux évaluée. Sa gouvernance devrait être revue et simplifiée. La recherche clinique ne s’arrête pas à la porte des CHU, elle doit irradier l’ensemble des établissements de santé et impliquer largement les professionnels.
 
2 - Entre les quatre pouvoirs de l’hôpital : médical, administratif gestionnaire, paramédical et celui des usagers, il faut définir les domaines spécifiques de chacun, leurs domaines partagés et les procédures de décision en cas de désaccord. Il devrait y avoir un directeur médical élu, animant une commission médicale et un directeur gestionnaire nommé par l’ARS. La vie démocratique de l’institution à l’inverse doit remplacer le verticalisme actuel, dans sa forme autoritaire ( « si vous n’êtes pas content, personne ne vous retient ») ou pseudo-empathique (« j’entends votre colère… ») . 
 
3 - Le projet médical de l’hôpital doit s’inscrire dans un projet territorial de santé avec des conventions de partenariats passées entre différents établissements et acteurs du territoire en répondant à la graduation des soins : 
- 1er recours : médecine générale de proximité ville/hôpital de proximité 
- 2ème recours : médecine spécialisée ambulatoire ville/hôpital, 
- 3ème recours : médecine spécialisée hospitalière non ambulatoire, centres hospitaliers de référence.
 
4 - Les hôpitaux publics doivent participer à la lutte contre les déserts médicaux (consultations avancées, liens préférentiels avec les professionnels y travaillant, télémédecine). Il faut proposer aux étudiants des contrats d’engagement de service public dans un désert médical en échange d’un certain nombre d’avantages (salaire garanti, conditions d’exercice, libre choix de la spécialité…).
 
5 - Il existe plusieurs médecines : celle des maladies  aigues bénignes et des gestes techniques simples, celle des maladies aigues graves et des gestes techniques complexes et la 3ème, celle des maladies chroniques et de leur prévention. Les modes d’organisation et de financement doivent être adaptés à chacune d’elles. 
 
6 - L’hôpital repose sur des équipes de soins médicales et paramédicales co-animées par le couple médecin/cadre de santé. Il faut redonner de l’autonomie aux équipes, associer l’ensemble des personnels à la définition de l’organisation . 
 
7 - Il faudrait un statut unique de médecin hospitalier avec pour socle l’activité clinique et en sus deux activités parmi les cinq missions suivantes : soins, recherche, enseignement, gestion, santé publique. Ces valences d’activité devraient varier dans le temps en concertation avec les équipes concernées et après l’accord du directeur médical.
 
8 - Dans chaque hôpital un praticien de santé publique et un cadre de santé devraient être responsables de la politique de la qualité des soins et de la relation avec les professionnels du territoire, élaborée et mise en œuvre avec l’ensemble des services hospitaliers en impliquant les représentants des patients.
 
9 - Il faut revaloriser le salaire des médecins hospitaliers en début de carrière, préciser le temps de travail dû et mieux codifier les activités professionnelles annexes hors temps de travail. Les différences de revenus entre les médecins de ville et les médecins hospitaliers doivent être en partie compensées par une prime de service public modulée selon les spécialités et selon les régions. Cela suppose une limitation des dépassements d’honoraires ou leur mise en extinction pour les médecins installés en ville conventionnés en secteur 2 en revalorisant les tarifs du secteur 1. Il serait aussi logique que la Sécurité sociale finance une partie des frais de logistique et de locaux des médecins libéraux et que l’Etat crée une assurance publique pour couvrir les risques professionnels. 
Les infirmières commencent avec un salaire mensuel de 1500 euros (25ème rang des pays de l’OCDE, comparativement au salaire moyen dans chaque pays).
Il n’y a pas de réforme de l’hôpital public digne de ce nom sans augmentation des salaires des infirmières et des aides-soignantes. 
 
10 - Les études de médecine devraient être branchées en dérivation sur les filières universitaires existantes avec des quota par discipline (avec une priorité à la biologie mais aussi des places pour les filières littéraires ou les écoles d’ingénieurs). Cela donnerait des chances aux candidats sans les engager dans une voie sans issue et permettrait de diversifier les profils des étudiants se destinant au métier de médecin. 
 
La médecine est devenue scientifique et technologique mais elle n’est pas une technique ou seulement une science, elle reste en grande partie artisanale et repose sur des interactions humaines. Le médecin ingénieur, doit rester un artisan et, si possible, devenir un artiste ! 
 
André Grimaldi , Anne Gervais

 

Avec le soutien du Groupe Pasteur Mutualité

 

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Campagne nationale
" Dis Doc', t'as ton doc' ? "  pour faire évoluer le modèle culturel des médecins !

 

Retrouvez toute l'information dans le communiqué de presse (cliquez ici)

www.cfar.org/didoc/ 

 

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Actu'APH n°16

       

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     Les annonces de recrutement octobre 2023

 

             retrouver ces annonces sur le site reseauprosante.fr

 

Les dernières actus

75 % DES MEDECINS HOSPITALIERS RISQUENT DE QUITTER L’HOPITAL PUBLIC DANS LES 5 ANS… … PARCE QUE PERSONNE NE PREND SOIN DES MEDECINS HOSPITALIERS.

MISSION-FLASH : UN NOUVEAU RATAGE GOUVERNEMENTAL (PREVISIBLE) !

Ce vendredi 1er juillet, Action Praticiens Hôpital dévoilait à la presse les résultats complets de l’enquête « Nuits Blanches » sur la permanence médicale des soins à l’hôpital public : 75 % des praticiens hospitaliers risquent de quitter l’hôpital public dans les 5 ans à cause de la permanence des soins. En parallèle, le rapport de la mission-flash sur les urgences était remis à la Première Ministre. Un rapport sans doute amoindri à la demande de la Première Ministre, puisque seules 41 des multiples propositions [CP1] [WA2] envisagées par la mission ont pu figurer dans le rapport.

le dossier de presse

Lettre aux élus De La République

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Paris, le 22 juin 2022

Monsieur le Président du Sénat,

Monsieur le Président, Madame la rapporteure de la commission d’enquête sur la situation de l’hôpital et le système de santé en France

Mesdames les Sénatrices, Messieurs les Sénateurs,


Action Praticiens Hôpital, union d’Avenir Hospitalier et de la Confédération des Praticiens des Hôpitaux, organisation majoritaire aux dernières élections professionnelles pour le Conseil Supérieur des Personnels Médicaux vous remercie pour l’écoute attentive lors de notre audition au Sénat du 9 décembre 2021. Nous vous remercions pour le rapport que vous avez publié le 29 mars 2022 et nous nous permettons de vous rappeler notre proposition de réfléchir ensemble sur les modalités législatives à mettre en œuvre pour faire évoluer la situation de l’Hôpital Public et de l’accès à un juste soin qui se dégradent sur l’ensemble du territoire national.

Nous représentons les médecins, pharmaciens, odontologistes des hôpitaux et faisons partie des corps intermédiaires élus. Nous sommes issus du terrain et des terroirs de notre Nation. Nous appartenons à l’Hôpital Public pour lequel nous œuvrons jour et nuit pour permettre un accès aux soins à tous nos concitoyens, vos électrices et vos électeurs, pour qu’en France vivre en bonne santé soit et reste une réalité.

Dans cette lettre nous vous résumons une partie de notre analyse sur les points de blocage et les leviers que la Loi devra changer pour que demain le pilier Santé retrouve sa juste place dans notre société. Pour que l’ensemble des praticiens et soignants des établissements de santé, du médico-social comme de la ville puissent retrouver la sérénité d’exercice dont ils ont besoin pour répondre aux attentes des patients et de leur famille.

Nous avons subi depuis des décennies le dogme de la rationalisation fiduciaire et notre système est à bout de souffle, au bord d’une rupture irrémédiable. La France qui dans les années 2000 était à la pointe de la médecine dans le monde se retrouve aujourd’hui au 23ème rang.

Notre rôle de corps intermédiaire a été trop souvent ignoré et parfois maltraité par une gangue administrative qui a parfois perdu le sens des valeurs de notre société. Nous connaissons bien les territoires et ce que nous avons à faire pour le bien commun. Nous vous l’avons démontré depuis longtemps et encore plus lors de la première vague Covid. Nous avons alerté également maintes fois pour que les choses évoluent…

Il semble temps aujourd’hui de changer de méthode et de retrouver des objectifs quantitatifs acceptables mais surtout qualitatifs en termes de juste soin pour les patients et d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle pour nous vos soignants. Ces conditions sont indispensables pour que nos concitoyens puissent retrouver une espérance de vie en bonne santé superposable à celle des autres pays et que les acteurs du soin que nous sommes puissent également retrouver le sens de leurs métiers.

Nous ne sommes pas abstentionnistes ou spectateurs passifs mais des acteurs engagés pour construire le renouveau tant attendu par les Françaises et les Français et clairement exprimé ces dernières semaines. Nous sommes et serons là pour vous aider à reconstruire et à moderniser l’existant pour que le vivre ensemble en bonne santé ne soit plus un mirage mais redevienne une réalité pour toutes et tous en tout point du territoire.

APH est à votre disposition pour travailler dans cette direction dans un respect mutuel et autour des valeurs de notre République.

Prenez soin de vous, des vôtres et de la santé de vos administrés comme celle de l’Hôpital Public et de notre système de soin.

 

APH REAGIT A LA « NOTE AU GOUVERNEMENT » DE MARTIN HIRSCH

 

Tribune APH du 9 mai 2022

 

Martin Hirsch, directeur général de l’APHP, s’est autorisé à envoyer une « note au gouvernement » [1] qui ressemble à un acte de candidature au poste de ministre chargé de la Santé. Dans cette note, adressée en copie à la presse, il étale ses réflexions et ses propositions pour l’hôpital public… Nous nous limiterons ici à commenter ses propositions, exposées comme une profession de foi.

Faire le constat du naufrage de l’hôpital public, annoncé par les syndicats depuis longtemps, fait désormais l’unanimité. Les discours des politiques et des administratifs assurant que l’hôpital tient toujours debout, qu’il a tenu pendant la pandémie, que la résilience des hospitaliers est inaltérable ne sont que façade. La réalité de notre quotidien est tout autre : la souffrance des hospitaliers explose, déprogrammations et fermetures de services résultent du manque de professionnels paramédicaux et médicaux, qui fuient en nombre le service public hospitalier. Nombre de celles et ceux qui restent encore sur le front sont rongés par un épuisement professionnel et personnel.

Cependant, les angles de vue proposés par Martin Hirsch sont inquiétants, en profond décalage avec les métiers du soin et la notion de service public.

  • Considérer que le soin se résume à une productivité mesurable est d’une cruelle indécence pour tous ceux dont on salue la vocation, l’humanisme et tout simplement le professionnalisme. Dans quelque secteur du soin que ce soit, le geste technique – qui rapporte à l’hôpital – n’est rien sans la relation du soignant avec le patient, sans le travail d’équipe, sans la réflexion sur son propre travail. C’est pourtant bien cette perte de sens qui fait fuir ou qui épuise les professionnels de santé.
  • Considérer que le professionnel de santé est un pion qui joue individuellement et que l’on peut balader d’un service à l’autre, d’un établissement à l’autre, d’une région à l’autre est encore une fois oublier le sens du soin à l’hôpital. Une équipe se construit, a une histoire, un projet, elle se renouvelle, mais doit savoir garder ceux qui s’investissent pour elle et doit donner la possibilité à chacun de s’investir, pour se sentir partie prenante de l’œuvre commune de soigner, d’accompagner et du vivre ensemble.
  • Considérer l’hôpital sans la ville oublie que le système de santé doit être centré autour du patient, et de son médecin traitant, et non du CHU parisien. Le champ du médico-social semblerait aussi avoir été omis… Le passage à l’hôpital d’un patient ne devrait se faire que lorsque les moyens de la ville et du premier recours sont dépassés : compétences spécialisées, plateaux techniques et maternités.
  • Défier les corps intermédiaires élus et donc légitimes, c’est-à-dire les syndicats – ce terme n’est même pas mentionné dans sa note – comme ne défendant pas les intérêts des praticiens est particulièrement déplacé. L’exemple de la discussion lors du Ségur sur la permanence des soins… à laquelle il n’a pas participé, contrairement à nous ! – en dit long sur sa vision du dialogue social…

Ainsi, ses propositions sont-elles également en décalage avec les métiers du soin hospitalier.

  • L’attractivité (jamais nommée dans la « note ») ne peut se résumer au problème des rémunérations. Il est si facile d’occulter les réelles difficultés : permanence des soins, temps de travail, reconnaissance de la pénibilité, équilibre vie professionnelle et personnelle, adaptation des contraintes à la parentalité… Le Ségur a été insuffisant, quand il n’a pas été insultant pour les praticiens hospitaliers. Le chantier de l’attractivité est à ouvrir réellement, courageusement : c’est une des priorités à mettre en œuvre immédiatement.
  • La mobilité versus la carrière à vie ? Destructrice de l’équipe et de tout projet professionnel, la perpétuelle mobilité contribuerait à envoyer les praticiens vers des carrières « à vie » dans les établissements qui le proposent : les établissements privés. Si nous sommes d’accord sur le fait que la concentration des prérogatives « clinique, enseignement, recherche et management » sur les seuls hospitalo-universitaires n’a pas de sens, il n’y a en revanche aucune honte à être praticien hospitalier toute sa vie, ou pendant un temps long, dans un même établissement. Il n’y a aucune honte à y travailler sans aspiration hospitalo-universitaire. Le travail hospitalier des praticiens implique la constitution de projets à long terme, d’investissements financiers, mais aussi de création de réseaux avec la ville, le médico-social et de suivi des patients porteurs de pathologies chroniques complexes. Monsieur Hirsch sait-il seulement ce qu’est le travail d’un praticien hospitalier, d’un soignant ?
  • La casse du statut ? Oui, les professionnels de santé gagneraient à être reconnus ou assimilés à des fonctionnaires « régaliens », plutôt que de poursuivre leur engagement dans l’hôpital public tout en voyant des collègues faire de l’intérim pour des rémunérations qui vont jusqu’à dix fois la leur, pour produire de l’acte sans contribuer aux piliers essentiels de l’hôpital que sont l’équipe, les liens entre services et la vie institutionnelle. Tous ces nouveaux contrats dont rêve Monsieur Hirsch ne font pas avancer l’hôpital : ils continuent à le détruire davantage. Les professionnels de santé engagés dans l’hôpital public demandent seulement à être rémunérés en fonction du travail qu’ils réalisent, où pénibilité et responsabilité doivent être prises en compte.
  • La gouvernance souffre en tout premier lieu de démocratie, notamment dans la désignation des chefs de service et de pôle. Aucun projet de réforme de gouvernance ne peut voir le jour sans ce prérequis. L’évocation des instances médicales et paramédicales des instances de gouvernance n’appelle pas la comparaison suggérée par Martin Hirsch : ni leur composition ni leurs missions ne sont comparables, ce d’autant qu’aucune représentation syndicale médicale locale n’est actée dans les établissements publics de santé. Cette absence d’implication des syndicats de praticiens hospitaliers à l’échelon du territoire de santé est une anomalie qui interroge…

Action Praticien Hôpital ne cesse d’appeler à réformer le système de santé et continuera à porter les principes de la qualité de vie des praticiens hospitaliers ; c’est l’intérêt de l’hôpital public : ceux qui y travaillent, ceux qui y sont soignés. Pour nous, le statut de praticiens est un gage de sûreté pour ce corps mais également d’équité sur l’ensemble du territoire national. Contrairement aux propos de Monsieur Hirsch, le cadre qu’il définit comme « rigide » de l’hôpital public ne l’empêche pas d’évoluer. Au contraire, il sécurise une réforme nécessaire, tout en gardant les prérogatives du service public comme les valeurs de la République pour défendre notre système solidaire de santé.

Nous défendrons des actions pour promouvoir un renouveau du système hospitalier et de celui de la santé en conservant les fondamentaux comme ceux des statuts, des engagements par conviction au service des patients et dans un esprit d’équipe et avec une rémunération revalorisée mais sans lien avec de l’intéressement et de la spéculation.

Cette réforme sera coûteuse mais elle est nécessaire, et elle sera efficace.

Ayons le courage de définir la place de l’hôpital public dans le système de santé : il n’est en concurrence ni avec la médecine de ville, ni avec l’activité des cliniques lucratives dont les missions et les objectifs sont différents.

Ayons le courage de mettre sur la table le problème du temps de travail des praticiens hospitaliers, chantier éludé du Ségur, et mettons en regard les rémunérations avec le volume horaire de travail réalisé par les praticiens.

Ayons le courage de corriger l’erreur du Ségur qui a valorisé l’engagement des jeunes sans considérer celui de ceux qui tiennent l’hôpital public depuis des dizaines d’années : donnons à tous la bonification d’ancienneté de 4 ans.

Ayons le courage de mettre sur la table le chantier de la permanence des soins : pas timidement et de manière insultante comme au Ségur, mais par une revalorisation massive à hauteur de la permanence des soins effectuée par les libéraux (le rapport de l’IGAS sur le sujet n’est toujours pas public…), et par une prise en compte des effets collatéraux du travail de nuit : pénibilité, déséquilibre vie professionnelle – vie personnelle, morbidité induite et réduction de l’espérance de vie.

Ayons le courage d’officialiser les mesures d’attractivité plutôt que de laisser perdurer les petits arrangements opaques, à la limite de la légalité, dont le principe et de nombreux exemples sont pourtant connus des tutelles.

Ayons le courage de réformer la gouvernance en imposant une réelle démocratie sanitaire, dans la désignation des chefs de service et de pôle autour d’un projet médico-soignant. Donnons la possibilité de faire exister les syndicats médicaux dans les établissements au même titre que les syndicats paramédicaux. Les syndicats et leurs représentants ont un rôle à joueur pour faire vivre le dialogue social dans les établissements de soins mais également sur les territoires de santé.

Ayons le courage d’un dialogue social équilibré. Les erreurs de trajectoire pour l’hôpital public, et notamment les plus récentes, sont le fruit de négociations tripartites où directeurs et DGOS ont une connivence à peine voilée, tandis que la parole – et même le vote – des praticiens concernant les évolutions est quasiment ignorée. Écouter le terrain sans le suivre nous a conduit dans le mur. Appliquer les propositions des représentants légitimes que sont les syndicats est la seule planche de salut pour l’hôpital public : Action Praticiens Hôpital, union d’Avenir Hospitalier et de la Confédération des Praticiens des Hôpitaux, et ses composantes, représentant l’ensemble des spécialités médicales, odontologiques et pharmaceutiques, majoritaires chez les praticiens hospitaliers et les contractuels aux dernières élections professionnelles, sera présent et force de propositions.

Jean-François Cibien- Président AH, Président APH, 06 07 19 79 83

Carole Poupon - Présidente CPH, Vice-présidente APH ; 06 76 36 56 67

Yves Rébufat - Président exécutif AH , 06 86 87 62 76

[1] https://www.lesechos.fr/economie-france/social/hopital-le-temps-de-la-refondation-1404467

 

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