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Plan d’attractivité et GHT : un entretien avec la directrice générale de la DGOS

  En 2011, alors directrice d’hôpital, Anne-Marie Armanteras-de-Saxcé a été consignataire du manifeste pour une santé égalitaire et solidaire. Cinq ans plus tard, pourra-t-elle atteindre des objectifs qu’énonçait clairement ce manifeste en matière d’accès aux soins et de démocratie sanitaire ? Nous avons demandé à la nouvelle Directrice Générale de la DGOS de répondre à nos questions. 

Anne-Marie Armanteras-de-Saxcé : Je me souviens bien de ce manifeste et de ma signature à l’époque. C’est un texte qui rappelait les valeurs de solidarité et d’égalité qui fondent notre système de santé. Comme pour l’immense majorité des professionnels du secteur, ces valeurs guident mon action ; hier comme directrice d’hôpital, et aujourd’hui comme directrice générale de l’offre de soins.

 

Le texte résumait les défis de notre système de santé, notamment sa nécessaire transformation vers davantage de prévention des risques individuels et systémiques, de prise en compte des pathologies chroniques... Il manifestait aussi l’inquiétude compréhensible des professionnels quant à l’indépendance de leurs pratiques ou à leurs conditions de travail.
 

Indépendamment de qui l’a écrit et de qui l’a signé, il s’agissait d’un texte en phase avec son époque. Sans le reprendre ligne à ligne, la situation a évolué, souvent positivement, même s’il est vrai que certains constats et pistes de progrès soulevés à l’époque restent devant nous. 
 

Avenir Hospitalier : Vous allez déployer les mesures réglementaires déclinées du Plan Attractivité retenu par la ministre. La totalité des outils d’attractivité serait donc disponible, comme initialement prévu, dès novembre ? Rappeler les outils et leur date de parution.

Anne-Marie Armanteras-de-Saxcé : Le programme de travail arrêté avec les membres du groupe de suivi du plan d’action attractivité reposait, conformément aux annonces faites par la ministre, sur un calendrier de mise en œuvre des mesures échelonné entre 2016 et 2017. En conséquence, le rythme de réunions travail a été soutenu. Il a associé l’ensemble des acteurs concernés par chaque mesure et je suis consciente de l’implication que cela a demandé à chacun au cours de ces six derniers mois. 


Les mesures les plus attendues seront finalisées cet été pour mise en œuvre à l’automne. Il s’agissait d’une demande expresse de la ministre et d’une attente forte de l’ensemble des partenaires. Je pense en particulier à :

  • l’harmonisation de la couverture maladie et maternité des assistants, chefs de clinique et praticiens contractuels avec celle des PH. Elle présente une avancée réelle en terme de droits sociaux et d’exercice en début de carrière du corps médical hospitalier ;
  • la création d'une prime d'engagement de carrière hospitalière. La prime et l’avancement de carrière sont deux leviers d’attractivité de la pratique en hôpital.
  • la création de la prime d'exercice territorial. Cette mesure modernisera profondément l’actuel régime de la prime multisites pour mieux reconnaitre les activités partagées entre établissements et accompagner les dynamiques de territoires dans le cadre de la création des GHT. Cette dynamique territoriale est renforcée par l’augmentation de 100 postes du nombre d'assistants spécialistes, dont les 50 premiers seront ouverts dès le 1er novembre 2016.
  • l’homogénéisation des modalités de rémunération du temps de travail additionnel et des astreintes dans le cadre de la création des GHT. Elle se traduira par une revalorisation financière substantielle pour un nombre significatif de praticiens,
  • la reconnaissance, dans un cadre concerté, du temps de travail médical dans le cadre d’activités de soins programmées en 1ère partie de soirée sur des plateaux médico-techniques et de consultations. C’est un engagement triplement gagnant : il doit permettre d’optimiser l’utilisation des plateaux techniques, de développer l’offre de soins sur des créneaux horaires utiles et de mieux reconnaitre le temps de travail médical consacré à ces activités.

 

D’autres mesures du plan d’action attractivité seront travaillées au cours des prochains mois avec la même volonté et le même état d’esprit de concrétiser les engagements de la ministre à travers des mesures pragmatiques, adaptées aux enjeux de l’attractivité et susceptibles d’être déclinées dans l’ensemble des établissements publics de santé.

Avenir Hospitalier : Certaines mesures phare rappelées récemment par les intersyndicales (voir communiqué de presse APH) ne figurent pas dans le plan attractivité : revalorisation de l’IESPE ou possibilité effective de contrôler son temps de travail, régime d’équivalence avec la 5° demi-journée en cas de permanence des soins. Elles concerneraient pourtant la majorité des 48 000 praticiens en exercice. Ne craignez-vous pas de laisser sur leur faim tous les autres praticiens qui, ne bénéficieront pas des mesures d’entrée ?

Anne-Marie Armanteras-de-Saxcé : Fruit d’une large concertation, le plan d’action présenté par la ministre en novembre 2015 est ambitieux. Il comprend une vingtaine de mesures. Elles représentent un total d’engagements à hauteur de 250 M€. C’est considérable compte tenu des efforts demandés par ailleurs. Pourtant, compte tenu de l’importance des enjeux d’attractivité médicale dans les hôpitaux, chacun doit en prendre la mesure.
 

Le choix a été fait de fait de structurer la démarche en trois axes forts traduisant son ambition et ses objectifs :

  1. Favoriser l’engagement dans la carrière hospitalière.
  2. Fidéliser les professionnels et favoriser leur implication dans les projets médicaux de territoire.
  3. Encourager l’animation des équipes et améliorer les conditions de travail.
     

Il s’agit de s’adresser aussi bien aux futurs et jeunes médecins en les incitant à embrasser une carrière hospitalière qu’aux médecins en exercice auxquels il faut donner l’envie de rester à l’hôpital. 
 

Aux mesures mentionnées précédemment, je voudrais ajouter celles à venir. Elles porteront sur la dynamisation des parcours professionnels, la promotion du management des équipes médicales ou encore sur les conditions et la qualité de vie au travail. Toutes concourent à la fidélisation des praticiens en exercice.
 

Avenir-Hospitalier : Les PH, ne sont ni fonctionnaires, ni ne relèvent du secteur privé. Sont-ils pour autant à l'écart des mesures que comporte la Loi Travail notamment son article 2 avec la prééminence donnée aux accords locaux ? N’y a-t-il pas pour l’avenir, un risque de rupture statutaire sur le territoire national ?

Anne-Marie Armanteras-de-Saxcé : La Loi travail modifie le code du travail. Les PH sont soumis au code de la santé publique. Ils ne sont en rien concernés par cette loi qui ne modifie ni leur statut ni les règles qui leur sont applicables.
 

Avenir-Hospitalier : En tant que DG DGOS, quel regard portez-vous sur ces inquiétudes et cette focalisation des praticiens sur leur temps de travail ? Le contenu ou l’autonomie d’organisation feraient donc moins sens dans l’hôpital d’aujourd'hui ?

Anne-Marie Armanteras-de-Saxcé : Sur ce sujet, il y a beaucoup à dire. La question du temps de travail des praticiens est une question complexe à appréhender, je ne vous apprends rien. Elle est à l’interface de dimensions d’essence juridique, culturelle, organisationnelle ou encore personnelle. Les aspirations en matière d’équilibre vie professionnelle / vie privée évoluent. C’est un mouvement qui traverse la société et les médecins - les plus jeunes en particulier - n’y échappent pas. Je n’ai pas une vision « à charge » d’une nouvelle génération qui ne souhaiterait pas s’investir comme l’aurait fait leurs ainés.
 

Souvenons-nous également des échanges tenus dans le cadre de la mission animée par le Sénateur Le Menn. Ils ont montré l’attachement de la communauté médicale au maintien d’un mode de décompte du temps de travail en demi-journées. La comptabilisation horaire n’est ainsi manifestement pas souhaitée par une grande majorité de praticiens, à l’exception spécialités qui connaissent des sujétions particulière liées notamment au poids représenté par la participation à la permanence des soins. Cela traduit un attachement à la possibilité de disposer d’une certaine forme d’autonomie dans la gestion de son temps de travail personnel dans le cadre des organisations médicales collectives mises en place.
 

Il nous faut donc savoir tenir compte de ces souhaits en demeurant dans le même temps attentifs au respect de la réglementation en matière de temps de travail (ndlr : c’est le sens du contrat de temps de travail additionnel ou de la garantie du repos de sécurité après le dernier déplacement en astreinte), des organisations collectives opérationnelles et des spécificités de certaines activités.
 

L’exercice n’est pas simple, les habitudes et les représentations sont parfois prégnantes. Cependant j’ai bon espoir que nous parvenions à faire évoluer notre système, sans révolution mais par une série de mesures ciblées. Nous pouvons nous appuyer sur le rappel des cadres réglementaires existants, la diffusion d’outils de nature à faciliter l’organisation et la gestion collective et individuelle du temps de travail (je pense notamment aux maquettes d’organisation des activités médicales et aux tableaux de service). En ce sens, la responsabilisation de l’ensemble des acteurs, les praticiens eux-mêmes mais également les managers médicaux, les CME comme les directions d’établissements sera un levier majeur.
 

Je retiens enfin dans les débats sur le temps de travail, la question du « temps non clinique ». Je la perçois comme une demande des praticiens de pouvoir travailler en équipe, de prendre du recul sur leurs activités, de construire des projets, de s’investir dans leur formation, dans celle des autres, dans la recherche et dans la vie institutionnelle. En cela, c'est un bon signal.

 

Avenir Hospitalier : Parlons GHT. La communauté hospitalière doit s’approprier la révolution GHT engagée par la LMSS : sur le terrain, les collègues manquent d’informations, le calendrier de mise en œuvre du versant médical n’est-il pas alors trop ambitieux ? L'esprit GHT est-il en bonne voie d’installation dans la communauté hospitalière ?

Anne-Marie Armanteras-de-Saxcé : Une grande partie des actions que le ministère porte, avec les ARS et ses autres partenaires, vise à organiser le système de santé au niveau territorial. C’est le bon niveau pour analyser les besoins de santé, faire travailler ensemble les professionnels de santé et mettre en œuvre une régulation qui tienne réellement compte des contingences locales pour in fine apporter une réponse globale aux besoins de la population. La mise en œuvre des GHT est le versant hospitalier de ce mouvement de territorialisation de nos organisations. Il part du constat qu’un établissement seul ne peut apporter l’intégralité des réponses aux besoins de santé de la population. Il ne peut réunir toutes les compétences, pas plus qu’il ne peut suivre en investissements le cycle toujours plus soutenu des innovations médicales et technologiques. Ces états de fait, déjà vrais aujourd’hui, le seront davantage encore demain.
 

Comprendre et partager les besoins de santé de la population sur un territoire et y apporter globalement une réponse coordonnée est la « clé stratégique » de la mise en œuvre des GHT. Cela donne au projet médical partagé un rôle central dans cette réforme. La question du calendrier, qu’il s’agisse du délai ou de la séquence (approbation des conventions constitutives avant le projet médical partagé), est donc légitime. J’ai conscience qu’au travers du rôle central des projets médicaux partagés, le corps médical a une responsabilité très importante.
 

Le PMP emporte des questions cruciales pour nos concitoyens et pour l’ensemble des professionnels qui fondent l’« esprit GHT » que vous invoquez :

  • Celle d’apporter de nouvelles réponses aux besoins de santé de proximité, liés aux pathologies chroniques et au vieillissement par exemple, en assurant un triple mouvement de structuration du recours, de « projection » d’expertises spécialisées et de renforcement des liens avec les professionnels de la ville, du sanitaire, du médico-social et du social;
  • Celle de l’équité en assurant, un accès à des prises en charge conformes aux données de la science pour l’ensemble de la population, quelle que soit sa porte d’entrée dans le GHT. Demain les filières de prise en charge seront fiables et lisibles ;
  • Celle de la diffusion du progrès et de l’innovation, en garantissant l’accès aux patients et aux professionnels, aux techniques et thérapeutiques nouvelles, lorsqu’elles apportent un avantage.
  • Celle de poursuivre le mouvement de gradation des soins hospitaliers. Amorcé depuis 20 ans par le SROS,il doit être pourvuivi au travers d'une approche professionnelle et responsable, avec comme lignes directrices la sécurité des prises en charge, la fluidité des filières et l'élimination des doublons quand ils ne créent pas de valeur pour la population. 

Quand on mesure les enjeux, la question du calendrier est légitime. Cette question à toutefois été tranchée. La décision prise est inscrite dans les textes et nous devons la recevoir comme un signal mobilisateur au travers de l’identification des premières orientations stratégique dès le 1er juillet 2016 puis des « filières » au 1er janvier 2017. Bien sûr, avec un nouveau jalon prévu au 1er juillet 2017, les stratégies médicales des GHT s’affineront avec le temps. A partir de cette date, les projets médicaux et les projets de soins, finalisés et portant sur 5 ans, pourront évoluer autant que de besoin, comme évoluent aujourd’hui les projets des établissements de santé.
 

Dans votre interrogation, la question de la conduite du changement est sous-jacente. Nous en percevons l’importance. Le dispositif d’accompagnement prévu au niveau national est important. Mais il ne peut qu’appuyer des discussions au niveau local, en aucun cas s’y substituer. Il est important que des informations claires sur l’ambition et les modalités de mise en œuvre des GHT circulent jusqu’aux professionnels de première ligne.

 


S’agissant du projet médical partagé, les discussions doivent débuter entre équipes médicales, sous l’égide des présidents de CME et avec le support logistique des directions (organisation des rencontres, apport de « matériau » pour étayer les réflexions…). Dans nombre d’établissements les discussions ont débuté et bien avancé, mais il faut les systématiser. A partir de la création des GHT, les communautés ont devant elles plusieurs mois pour élaborer leur PMP.
 

Pour accompagner le changement, diverses mesures sont d’ores et déjà prises, comme :

  • la publication d’un vademecum, qui donne à chacun accès à des informations de base,
  • la diffusion d’une foire aux questions - dont une foire aux questions par catégorie de professionnels qui est en cours de développement, à votre demande,
  • la mise en œuvre d’un comité de suivi garantissant la coordination des initiatives portées par les différentes directions, agences et représentant du secteur.
     

Egalement, les établissements et agences pourront s’appuyer sur l’enveloppe de 10 millions d’euros, mobilisée pour financer :

  • les coûts d’amorçage de chaque GHT (pour environ 5M€ répartis équitablement entre tous les GHT),
  • des prestations nationales d’accompagnement pour le compte d’une cinquantaine de GHT (pour environ 4M€)
  • les « ateliers PMP » organisés par l’EHESP pour le compte de tous les GHT (pour environ 1M€).
     

Enfin, rappelons l’engagement de la ministre sur un plan « territoire de soins 2021 » qui accompagnera des investissements structurants pour les territoires et les GHT.
 

Avenir Hospitalier : Mettre en œuvre une réforme est toujours un pari sur l’avenir. Avec les GHT, tout reposera sur la capacité à convaincre des PH et des directeurs à s’engager dans nouvelle forme de l’organisation hospitalière. D’un côté, l’obligation pour les établissements, et de l’autre, le volontariat pour les PH ? En gros, un praticien qui s’engage à faire vivre le GHT sera incité financièrement, mais quels autres aspects pourriez-vous souligner ici au titre d'éléments de motivation ?

Anne-Marie Armanteras-de-Saxcé : La loi impose en effet aux établissements publics de santé de coopérer dans le cadre des GHT. Ce cadre de coopération, s’il est obligatoire, survient après plusieurs décennies de coopérations entre établissements de santé basées sur le volontariat. Cette obligation marque le souhait de les systématiser pour que l’ambition décrite précédemment s’applique sur tout le territoire national.
 

Mais à cette vision dorénavant partagée d’une organisation hospitalière nécessairement territorialisée, répond une vision de l’exercice de la médecine en phase avec ces nouveaux périmètre me semble-t-il. Dans leurs discours, les présidents de CME, sociétés savantes, doyens et les praticiens eux-mêmes ne souhaitent plus exercer de manière isolée. Les besoins de spécialisation, de maintien des connaissances, de partage des contraintes, justifient une approche de la médecine au travers d’équipes suffisamment étoffées. C’est une question de qualité et de sécurité des prises en charge, mais également de qualité de vie au travail. Lors de la grande conférence de santé, les praticiens ont fait remonter leur souhait de davantage d’opportunités professionnelles, tout au long de leurs carrières, de plus de variété dans leur exercice. Ces aspirations sont un mix entre accès à la sur-spécialisation, aux plateaux techniques et aux innovations et souhait de pouvoir exercer dans la proximité, une médecine plus globale, plus polyvalente, plus humaine et plus ouverte sur la ville. C’est un signal enthousiasmant pour le développement de la proximité, qui est un rôle clé des GHT, inscrit dans la loi, et porteur d’enjeux très forts pour le système de santé dans son ensemble. Au final, les éléments de motivations sont multiples. Les incitations financières ne sont pas le seul levier.
 

Les GHT vont avoir un impact sur l’exercice de la médecine. Ils amèneront de nouvelles opportunités, de nouvelles contraintes aussi, mais le pari est que les nouveaux équilibres seront favorables. Dans ce mouvement, il est attendu que chaque praticien puisse contribuer à la réflexion constitutive de l’élaboration du PMP et que tous puissent s’inscrire dans ces dynamiques d’équipes nouvelles. Toutefois, chaque praticien ne sera pas tenu de s’inscrire dans une activité multisite. C’est du reste au management médical d’agir pour que les nouveaux équilibres soient rapidement trouvés et que ce changement se gère de manière équitable au sein des équipes.
 

Avenir Hospitalier : Parmi les sujets de crainte, la préfiguration d'un processus d’intégration des établissements évoluant progressivement vers la fusion. En ce cas, avoir entendu parler de 150 GHT au total est préoccupant pour notre organisation. Les directeurs ont fait part de leurs inquiétudes majeures. Comment rassurer les PH sur les limites de l’exercice des hyperGHT ?

Anne-Marie Armanteras-de-Saxcé : Ces inquiétudes sont fortement remontées dans toute la phase de construction des GHT. La seule réponse à apporter est « avançons, évaluons et au besoin, corrigeons ». Ce n’est pas un appel à faire et défaire, mais un message pour rappeler que l’histoire de la planification hospitalière s’inscrit dans une perspective historique plus longue et faite d’itérations. Il faut toutefois reconnaître que ces situations d’hyperGHT sont extrêmement limitées et nécessairement très observées.
 

Avenir Hospitalier : Le comité de suivi national des GHT n’a-t-il pas vocation à devenir, au moins en partie, une instance plus délibérative ou de recours, pour aider à l'arbitrage de situations conflictuelles entre ARS et établissements sur les périmètres ou sur la question de la conciliation GHT et CPT ?

Anne-Marie Armanteras-de-Saxcé : Non, ce n’est pas son rôle et cela ne le sera pas. S’il y a besoin de recours ou d’arbitrages, ils auront lieu dans un autre cadre, et toujours en impliquant les ARS.

Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire. 123 personnalités s'engagent, par André Grimaldi, Didier Tabuteau, François Bourdillon, Frédéric Pierru, Olivier Lyon-Caen - Odile Jacob, 2011, 190 p., 12 euros.

Avec le soutien du Groupe Pasteur Mutualité

 

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Campagne nationale
" Dis Doc', t'as ton doc' ? "  pour faire évoluer le modèle culturel des médecins !

 

Retrouvez toute l'information dans le communiqué de presse (cliquez ici)

www.cfar.org/didoc/ 

 

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Actu'APH n°16

       

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     Les annonces de recrutement octobre 2023

 

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Les dernières actus

75 % DES MEDECINS HOSPITALIERS RISQUENT DE QUITTER L’HOPITAL PUBLIC DANS LES 5 ANS… … PARCE QUE PERSONNE NE PREND SOIN DES MEDECINS HOSPITALIERS.

MISSION-FLASH : UN NOUVEAU RATAGE GOUVERNEMENTAL (PREVISIBLE) !

Ce vendredi 1er juillet, Action Praticiens Hôpital dévoilait à la presse les résultats complets de l’enquête « Nuits Blanches » sur la permanence médicale des soins à l’hôpital public : 75 % des praticiens hospitaliers risquent de quitter l’hôpital public dans les 5 ans à cause de la permanence des soins. En parallèle, le rapport de la mission-flash sur les urgences était remis à la Première Ministre. Un rapport sans doute amoindri à la demande de la Première Ministre, puisque seules 41 des multiples propositions [CP1] [WA2] envisagées par la mission ont pu figurer dans le rapport.

le dossier de presse

Lettre aux élus De La République

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Paris, le 22 juin 2022

Monsieur le Président du Sénat,

Monsieur le Président, Madame la rapporteure de la commission d’enquête sur la situation de l’hôpital et le système de santé en France

Mesdames les Sénatrices, Messieurs les Sénateurs,


Action Praticiens Hôpital, union d’Avenir Hospitalier et de la Confédération des Praticiens des Hôpitaux, organisation majoritaire aux dernières élections professionnelles pour le Conseil Supérieur des Personnels Médicaux vous remercie pour l’écoute attentive lors de notre audition au Sénat du 9 décembre 2021. Nous vous remercions pour le rapport que vous avez publié le 29 mars 2022 et nous nous permettons de vous rappeler notre proposition de réfléchir ensemble sur les modalités législatives à mettre en œuvre pour faire évoluer la situation de l’Hôpital Public et de l’accès à un juste soin qui se dégradent sur l’ensemble du territoire national.

Nous représentons les médecins, pharmaciens, odontologistes des hôpitaux et faisons partie des corps intermédiaires élus. Nous sommes issus du terrain et des terroirs de notre Nation. Nous appartenons à l’Hôpital Public pour lequel nous œuvrons jour et nuit pour permettre un accès aux soins à tous nos concitoyens, vos électrices et vos électeurs, pour qu’en France vivre en bonne santé soit et reste une réalité.

Dans cette lettre nous vous résumons une partie de notre analyse sur les points de blocage et les leviers que la Loi devra changer pour que demain le pilier Santé retrouve sa juste place dans notre société. Pour que l’ensemble des praticiens et soignants des établissements de santé, du médico-social comme de la ville puissent retrouver la sérénité d’exercice dont ils ont besoin pour répondre aux attentes des patients et de leur famille.

Nous avons subi depuis des décennies le dogme de la rationalisation fiduciaire et notre système est à bout de souffle, au bord d’une rupture irrémédiable. La France qui dans les années 2000 était à la pointe de la médecine dans le monde se retrouve aujourd’hui au 23ème rang.

Notre rôle de corps intermédiaire a été trop souvent ignoré et parfois maltraité par une gangue administrative qui a parfois perdu le sens des valeurs de notre société. Nous connaissons bien les territoires et ce que nous avons à faire pour le bien commun. Nous vous l’avons démontré depuis longtemps et encore plus lors de la première vague Covid. Nous avons alerté également maintes fois pour que les choses évoluent…

Il semble temps aujourd’hui de changer de méthode et de retrouver des objectifs quantitatifs acceptables mais surtout qualitatifs en termes de juste soin pour les patients et d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle pour nous vos soignants. Ces conditions sont indispensables pour que nos concitoyens puissent retrouver une espérance de vie en bonne santé superposable à celle des autres pays et que les acteurs du soin que nous sommes puissent également retrouver le sens de leurs métiers.

Nous ne sommes pas abstentionnistes ou spectateurs passifs mais des acteurs engagés pour construire le renouveau tant attendu par les Françaises et les Français et clairement exprimé ces dernières semaines. Nous sommes et serons là pour vous aider à reconstruire et à moderniser l’existant pour que le vivre ensemble en bonne santé ne soit plus un mirage mais redevienne une réalité pour toutes et tous en tout point du territoire.

APH est à votre disposition pour travailler dans cette direction dans un respect mutuel et autour des valeurs de notre République.

Prenez soin de vous, des vôtres et de la santé de vos administrés comme celle de l’Hôpital Public et de notre système de soin.

 

APH REAGIT A LA « NOTE AU GOUVERNEMENT » DE MARTIN HIRSCH

 

Tribune APH du 9 mai 2022

 

Martin Hirsch, directeur général de l’APHP, s’est autorisé à envoyer une « note au gouvernement » [1] qui ressemble à un acte de candidature au poste de ministre chargé de la Santé. Dans cette note, adressée en copie à la presse, il étale ses réflexions et ses propositions pour l’hôpital public… Nous nous limiterons ici à commenter ses propositions, exposées comme une profession de foi.

Faire le constat du naufrage de l’hôpital public, annoncé par les syndicats depuis longtemps, fait désormais l’unanimité. Les discours des politiques et des administratifs assurant que l’hôpital tient toujours debout, qu’il a tenu pendant la pandémie, que la résilience des hospitaliers est inaltérable ne sont que façade. La réalité de notre quotidien est tout autre : la souffrance des hospitaliers explose, déprogrammations et fermetures de services résultent du manque de professionnels paramédicaux et médicaux, qui fuient en nombre le service public hospitalier. Nombre de celles et ceux qui restent encore sur le front sont rongés par un épuisement professionnel et personnel.

Cependant, les angles de vue proposés par Martin Hirsch sont inquiétants, en profond décalage avec les métiers du soin et la notion de service public.

  • Considérer que le soin se résume à une productivité mesurable est d’une cruelle indécence pour tous ceux dont on salue la vocation, l’humanisme et tout simplement le professionnalisme. Dans quelque secteur du soin que ce soit, le geste technique – qui rapporte à l’hôpital – n’est rien sans la relation du soignant avec le patient, sans le travail d’équipe, sans la réflexion sur son propre travail. C’est pourtant bien cette perte de sens qui fait fuir ou qui épuise les professionnels de santé.
  • Considérer que le professionnel de santé est un pion qui joue individuellement et que l’on peut balader d’un service à l’autre, d’un établissement à l’autre, d’une région à l’autre est encore une fois oublier le sens du soin à l’hôpital. Une équipe se construit, a une histoire, un projet, elle se renouvelle, mais doit savoir garder ceux qui s’investissent pour elle et doit donner la possibilité à chacun de s’investir, pour se sentir partie prenante de l’œuvre commune de soigner, d’accompagner et du vivre ensemble.
  • Considérer l’hôpital sans la ville oublie que le système de santé doit être centré autour du patient, et de son médecin traitant, et non du CHU parisien. Le champ du médico-social semblerait aussi avoir été omis… Le passage à l’hôpital d’un patient ne devrait se faire que lorsque les moyens de la ville et du premier recours sont dépassés : compétences spécialisées, plateaux techniques et maternités.
  • Défier les corps intermédiaires élus et donc légitimes, c’est-à-dire les syndicats – ce terme n’est même pas mentionné dans sa note – comme ne défendant pas les intérêts des praticiens est particulièrement déplacé. L’exemple de la discussion lors du Ségur sur la permanence des soins… à laquelle il n’a pas participé, contrairement à nous ! – en dit long sur sa vision du dialogue social…

Ainsi, ses propositions sont-elles également en décalage avec les métiers du soin hospitalier.

  • L’attractivité (jamais nommée dans la « note ») ne peut se résumer au problème des rémunérations. Il est si facile d’occulter les réelles difficultés : permanence des soins, temps de travail, reconnaissance de la pénibilité, équilibre vie professionnelle et personnelle, adaptation des contraintes à la parentalité… Le Ségur a été insuffisant, quand il n’a pas été insultant pour les praticiens hospitaliers. Le chantier de l’attractivité est à ouvrir réellement, courageusement : c’est une des priorités à mettre en œuvre immédiatement.
  • La mobilité versus la carrière à vie ? Destructrice de l’équipe et de tout projet professionnel, la perpétuelle mobilité contribuerait à envoyer les praticiens vers des carrières « à vie » dans les établissements qui le proposent : les établissements privés. Si nous sommes d’accord sur le fait que la concentration des prérogatives « clinique, enseignement, recherche et management » sur les seuls hospitalo-universitaires n’a pas de sens, il n’y a en revanche aucune honte à être praticien hospitalier toute sa vie, ou pendant un temps long, dans un même établissement. Il n’y a aucune honte à y travailler sans aspiration hospitalo-universitaire. Le travail hospitalier des praticiens implique la constitution de projets à long terme, d’investissements financiers, mais aussi de création de réseaux avec la ville, le médico-social et de suivi des patients porteurs de pathologies chroniques complexes. Monsieur Hirsch sait-il seulement ce qu’est le travail d’un praticien hospitalier, d’un soignant ?
  • La casse du statut ? Oui, les professionnels de santé gagneraient à être reconnus ou assimilés à des fonctionnaires « régaliens », plutôt que de poursuivre leur engagement dans l’hôpital public tout en voyant des collègues faire de l’intérim pour des rémunérations qui vont jusqu’à dix fois la leur, pour produire de l’acte sans contribuer aux piliers essentiels de l’hôpital que sont l’équipe, les liens entre services et la vie institutionnelle. Tous ces nouveaux contrats dont rêve Monsieur Hirsch ne font pas avancer l’hôpital : ils continuent à le détruire davantage. Les professionnels de santé engagés dans l’hôpital public demandent seulement à être rémunérés en fonction du travail qu’ils réalisent, où pénibilité et responsabilité doivent être prises en compte.
  • La gouvernance souffre en tout premier lieu de démocratie, notamment dans la désignation des chefs de service et de pôle. Aucun projet de réforme de gouvernance ne peut voir le jour sans ce prérequis. L’évocation des instances médicales et paramédicales des instances de gouvernance n’appelle pas la comparaison suggérée par Martin Hirsch : ni leur composition ni leurs missions ne sont comparables, ce d’autant qu’aucune représentation syndicale médicale locale n’est actée dans les établissements publics de santé. Cette absence d’implication des syndicats de praticiens hospitaliers à l’échelon du territoire de santé est une anomalie qui interroge…

Action Praticien Hôpital ne cesse d’appeler à réformer le système de santé et continuera à porter les principes de la qualité de vie des praticiens hospitaliers ; c’est l’intérêt de l’hôpital public : ceux qui y travaillent, ceux qui y sont soignés. Pour nous, le statut de praticiens est un gage de sûreté pour ce corps mais également d’équité sur l’ensemble du territoire national. Contrairement aux propos de Monsieur Hirsch, le cadre qu’il définit comme « rigide » de l’hôpital public ne l’empêche pas d’évoluer. Au contraire, il sécurise une réforme nécessaire, tout en gardant les prérogatives du service public comme les valeurs de la République pour défendre notre système solidaire de santé.

Nous défendrons des actions pour promouvoir un renouveau du système hospitalier et de celui de la santé en conservant les fondamentaux comme ceux des statuts, des engagements par conviction au service des patients et dans un esprit d’équipe et avec une rémunération revalorisée mais sans lien avec de l’intéressement et de la spéculation.

Cette réforme sera coûteuse mais elle est nécessaire, et elle sera efficace.

Ayons le courage de définir la place de l’hôpital public dans le système de santé : il n’est en concurrence ni avec la médecine de ville, ni avec l’activité des cliniques lucratives dont les missions et les objectifs sont différents.

Ayons le courage de mettre sur la table le problème du temps de travail des praticiens hospitaliers, chantier éludé du Ségur, et mettons en regard les rémunérations avec le volume horaire de travail réalisé par les praticiens.

Ayons le courage de corriger l’erreur du Ségur qui a valorisé l’engagement des jeunes sans considérer celui de ceux qui tiennent l’hôpital public depuis des dizaines d’années : donnons à tous la bonification d’ancienneté de 4 ans.

Ayons le courage de mettre sur la table le chantier de la permanence des soins : pas timidement et de manière insultante comme au Ségur, mais par une revalorisation massive à hauteur de la permanence des soins effectuée par les libéraux (le rapport de l’IGAS sur le sujet n’est toujours pas public…), et par une prise en compte des effets collatéraux du travail de nuit : pénibilité, déséquilibre vie professionnelle – vie personnelle, morbidité induite et réduction de l’espérance de vie.

Ayons le courage d’officialiser les mesures d’attractivité plutôt que de laisser perdurer les petits arrangements opaques, à la limite de la légalité, dont le principe et de nombreux exemples sont pourtant connus des tutelles.

Ayons le courage de réformer la gouvernance en imposant une réelle démocratie sanitaire, dans la désignation des chefs de service et de pôle autour d’un projet médico-soignant. Donnons la possibilité de faire exister les syndicats médicaux dans les établissements au même titre que les syndicats paramédicaux. Les syndicats et leurs représentants ont un rôle à joueur pour faire vivre le dialogue social dans les établissements de soins mais également sur les territoires de santé.

Ayons le courage d’un dialogue social équilibré. Les erreurs de trajectoire pour l’hôpital public, et notamment les plus récentes, sont le fruit de négociations tripartites où directeurs et DGOS ont une connivence à peine voilée, tandis que la parole – et même le vote – des praticiens concernant les évolutions est quasiment ignorée. Écouter le terrain sans le suivre nous a conduit dans le mur. Appliquer les propositions des représentants légitimes que sont les syndicats est la seule planche de salut pour l’hôpital public : Action Praticiens Hôpital, union d’Avenir Hospitalier et de la Confédération des Praticiens des Hôpitaux, et ses composantes, représentant l’ensemble des spécialités médicales, odontologiques et pharmaceutiques, majoritaires chez les praticiens hospitaliers et les contractuels aux dernières élections professionnelles, sera présent et force de propositions.

Jean-François Cibien- Président AH, Président APH, 06 07 19 79 83

Carole Poupon - Présidente CPH, Vice-présidente APH ; 06 76 36 56 67

Yves Rébufat - Président exécutif AH , 06 86 87 62 76

[1] https://www.lesechos.fr/economie-france/social/hopital-le-temps-de-la-refondation-1404467

 

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