Colloque Avenir Hospitalier 2016 : l’avenir de la chirurgie hospitalière

Catégorie : Détail de la revue AH5
Publié le mardi 28 juin 2016 09:20
Le 12 mai, Avenir Hospitalier a organisé une journée consacrée à l’avenir de la chirurgie hospitalière. C’était pour nous une nécessité de faire le point sur la démographie, les évolutions de la profession, les perspectives ouvertes par le tout ambulatoire, les réorganisations en GHT etc. 
AH avait réalisé une enquête en amont de cette réunion. Vous pouvez retrouver l’intégralité des résultats de l’enquête en ligne (http://www.avenir-hospitalier.fr/images/ColloqueAH2016/presentation-enquete-AH-2016.pdf).
 
Voici les différents points qui vont nous servir de fil directeur au cours des actions à venir menée par notre intersyndicale :
 
Démographie : le constat fait par la directrice du CNG est que sur la période 2011/2016, l’effectif global des PH en chirurgie tous statuts confondus, affiche une baisse de 1,2 % en 5 ans. Le taux de vacance statutaire des PH temps plein en chirurgie est de 28,3 %, soit un taux de vacance supérieur de 2,0 points à celui enregistré pour l’ensemble des disciplines.
Il ne serait donc pas acceptable que les chirurgiens soient exclus du dispositif d’attractivité destiné aux jeunes médecins, avec prime à l’engagement à la carrière hospitalière et avancement d’échelon. 
 
② Pénibilité : cet item émerge dans l’enquête. Ce qui est compréhensible quand on voit le niveau d’engagement dans la permanence des soins décrite dans l’enquête, avec un repos de sécurité pris reconnu dans 25 % des cas seulement, ou le nombre d’heures estimées hebdomadaires. Les chirurgiens ne sont plus dans le mythe du héros ne se plaignant jamais. Nous devons travailler ensemble sur le thème de la pénibilité avec les caractéristiques propres à cette profession. Selon l’enquête AH, 65 % des interrogés pensent que leur exercice dans le système public est fortement plus exposé au risque de burn-out que celui dans le secteur privé.
 
③ Attractivité : face au fort attachement au service public et à ses acteurs, il faut opposer le désenchantement lié à la faible reconnaissance institutionnelle, aux relations non satisfaisantes avec l’administration (selon l’enquête AH 66 % des interrogés, pensent que l’administration n’est ni à l’écoute, ni à même de donner des réponses aux demandes des chirurgiens), notamment pour les demandes de matériel, et à une FMC/DPC jugés pas satisfaisants.
 
④ Nous avons entendu les jeunes chirurgiens, qui jugent l’hôpital trop lourd pour leur donner envie d’y travailler, du moins à plein temps. Nous avons également entendu leurs difficultés à établir un plan de carrière dès l’internat, alors que le privé leur fait des appels dès cette période : la critique ne concerne pas seulement l’administration, mais aussi les seniors. C’est un challenge que chacun doit mesurer à l’avenir. L’enquête AH révèle que 65 % des interrogés plébiscitent le service public (avec 44,5 % qui se ré­engageraient à 
l’hôpital) mais seuls 51 % d’entre eux se sentent reconnus par l’institution. L’exercice est plus agréable en public qu’en privé pour 41 % des répondants et 30 % sont sans avis. Cependant, le statut social du chirurgien ne fait plus rêver dans 54 % des cas. Pourtant, à choisir, 74 % choisiraient de nouveau la chirurgie, voire la même spécialité.
 
⑤ L’équipe : il a bien été exposé que le temps où le chirurgien agissait seul est bien révolu. Selon l’enquête AH 71 % des interrogés trouvent le travail en équipe satisfaisant. La taille de l’équipe chirurgicale sort dans les trois items les plus importants. La réflexion en cours sur les réorganisations en GHT est dans ce cadre un cap vital, que les chirurgiens ne doivent pas laisser passer au sein de leur territoire : chacun doit être un acteur actif pour sa spécialité, et ne pas laisser les managers décider à la place des acteurs. Le projet médical commun doit être un projet médical d’équipe au niveau du territoire, sinon les GHT seront un échec retentissant. 
 
⑥ La rémunération est jugée comme n’étant pas à la hauteur des engagements, notamment comparée à la concurrence libérale. Selon l’enquête AH, 54 % d’entre eux s’estiment sous-payés.
 
Un certain nombre de ces items ne sont pas spécifiques à la chirurgie, mais nous notons qu’elles s’expriment avec force et véhémence (rémunérations, pénibilité, lourdeurs administratives et absence de reconnaissance), nous les avons entendues, et allons les relayer. D’autres, comme la démographie, sont  plus spécifiques, et doivent être entendus dans les discussions en cours au Ministère sur les spécialités devant bénéficier du plan d’attractivité. 
Nous notons que les principales revendications d’AH collent totalement à ce qui a émergé de cette réunion : 
Nous allons donc continuer dans cette voie, avec la création au sein de notre intersyndicale, en lien avec l’autre intersyndicale amie la CPH, d’un « espace syndical chirurgie » spécifique. Nous vous invitons à nous rejoindre, car c’est ensemble que nous arriverons à faire valoir ces exigences et particularités.
 

Nous tenions à remercier tous les orateurs du colloque qui ont tous transmis des messages clairs, et également à toutes celles et ceux qui ont accepté de répondre à nos questions. 

 
Le questionnaires en bref :
  • 411 personnes ont répondu à l’enquête :   ¼ femmes et une moyenne d’âge de 49 ans.
  • Pour 55 %, il s'agissait d’orthopédistes, de chirurgiens viscéraux et de gynéco-obstétriciens
  • 56 % étaient PH en CH
  • 30 % de PH et 8% de PU en CHU
  • 96 % de PH à temps plein dont 34,4% ont une activité libérale.
  • Pour 62 % des chirurgiens, la reconnaissance des patients est un point important.
  • A l'hôpital public il ressort que 62 % des chirurgiens sont satisfaits de la prise en charge péri-opératoire et 58% de la qualité du personnel de bloc. En revanche, l’organisation du bloc est insatisfaisantes pour 59 % des répondants.
  • Pour 65 % des interrogés leur exercice est fortement plus exposé au risque de burn-out qu’en privé.

 

 

 

 
Nicole Smolski, Pascale Le Ports, Olivier Dufas