Réflexion

Catégorie : Détail de la revue ACTU'APH n°2
Publié le vendredi 12 avril 2019 14:18

Politique dans tous ses états

Politique, ce mot chargé de sens, d’histoire et de couleurs, est souvent galvaudé dans ses multiples acceptations. Nié ici et là dans sa légitimité au profit d’échanges directs d’une stricte horizontalité, sans aucun intermédiaire ou représentativité. Quel joli mot pourtant dans son étymologie, polis, la cité, équivalent à l’état dans le monde grec, d’où politikos, qui concerne donc les citoyens, les habitants de la cité !

Les syndicats, ces corps intermédiaires boudés par les travailleurs, méprisés par le pouvoir depuis de très (trop) long mois, ont été sollicités en urgence pour lancer un appel au calme quand il était menacé par le mouvement des gilets jaunes : prise de conscience tardive et brutale que les syndicats font partie des rouages indispensables du dialogue entre les citoyens et l’état, entre les acteurs de la société et les politiques, c’est-à-dire les personnes chargés du gouvernement des hommes entre eux pour organiser et exercer le pouvoir.

Alors bien sûr, hors de question pour les syndicats, quelle que soit la situation, de prendre parti pour tel ou tel bord politique, ou pour un parti politique ou l’autre, ou se situer d’un côté ou au centre de l’échiquier politique, ou se définir selon une idéologie politique. Faut-il pour autant se déclarer apolitique ? Comment alors se prononcer en faveur ou en opposition avec une politique de santé, avoir le droit de critiquer ou de louer tel homme ou femme politique en charge de la santé de nos concitoyens ? Pourquoi éviter à tout prix de voir se colorer en rouge ou bleu nos organisations par le public ? Et on sait bien qu’un individu qui se dit apolitique a des inclinaisons politiques qui ne sont pas neutres quand on l’interroge sur ses options existentielles dans la société où il évolue. En revanche, on ne peut entendre l’accusation de politiser notre organisation quand s’il s’agit de dénoncer ou soutenir une option budgétaire ou financière d’un gouvernement ou d’un parti politique qui ait des évidentes répercussions dans le domaine qui nous concerne, celui de la santé. Car, même si les syndicats acceptent dans leur sein chacun de nous sans les interroger sur leurs options politiques au sens partisan, même si les militants et les responsables syndicaux n’expriment pas leur appartenance ou leur compagnonnage politique, jamais on ne pourra les empêcher d’avoir une conscience politique. Car c’est l’existence de celle-ci, peut-être plus aigue que la moyenne, qui les pousse à agir pour le bien-être de leurs concitoyens.

Richard Torrielli