La parole…

Catégorie : Détail de la revue ACTU'APH n°2
Publié le lundi 8 avril 2019 20:11

…au SNGC : à quand les mesures ?

Le DESC de gériatrie créé en 1988 qualifiant en 2004, est devenu en 2017 un DES qui permet une reconnaissance de la gériatrie, mais risque d’aggraver la pénurie de gériatre : sur les 200 postes ouverts pour la première promotion, seuls 171 ont été pourvus. 
 

Travailler sur l’attractivité

Il est urgent de travailler sur la motivation des étudiants pour choisir la gériatrie et sur l’attractivité des postes proposés dont le nombre est très inférieur aux départs en retraite avec le risque que la gériatrie devienne une spécialité exclusivement universitaire ou se limite aux courts séjours des hôpitaux périphériques, avec des internes de gériatrie uniquement dans les services de médecine, les SSR perdant leurs internes car jugés à tort comme peu formateurs. 
 
Certes les courts séjours sont le pivot autour duquel viennent se greffer les autres éléments de la filière (Hôpitaux de jour, SSR, USLD, EHPAD) mais une filière ne saurait se réduire à un service. Par ailleurs l’avenir des USLD n’est toujours pas clarifiée : leurs modalités de financement et leur survie ne sont pas établies étant toujours dans l’attente d’un décret USLD qui en préciserait la tarification et les missions permettant de les distinguer des EHPAD. 
 
Actuellement certains patients restent en SSR où ils bénéficient d’un accompagnement palliatif pris en charge à 100 %, alors que d’autres sont transférés en USLD pour avoir le droit d’y mourir en payant leur hébergement, faisant porter le chapeau, si transfert ou pas, au médecin qui devient le méchant ou le gentil alors qu’il s’agit d’un choix politique de tarification qui ne relève pas d’une responsabilité médicale. 
 

L’accès en USLD doit être harmonieusement réparti sur les territoires 

L’accès doit être au plus près de la population qui y a recours en travaillant sur le reste à charge souvent très supérieur aux retraites des résidents qui y sont accueillis, bouleversant les équilibres familiaux du fait du recours à l’obligation alimentaire afin de régler les frais d’hébergement. Par ailleurs, le financement au GMPS identique pour les EHPAD et les USLD est une aberration qui ne permet pas d’avoir une vision claire sur les missions et les contraintes différentes de ces deux types de structure. Il s’agit bien de donner plus aux USLD sans reprendre aux EHPAD qui sont eux-mêmes en grande difficulté, accueillant des résidents de plus en plus âgés malades et dépendants. Il faut mettre fin à la convergence tarifaire qui pénalise ces services. En EHPAD, avec l’arrivée des CPOM (Contrat Pluriannuel d’Objectifs et de Moyen) qui sont en fait des CPO (pas de moyen) et la mise en place des évaluations internes et externes, le travail du médecin coordonnateur est de plus en plus centré sur le fait que la prochaine coupe PATHOS ne se traduise pas pour son établissement par une baisse des ressources, alors que dans le même temps, la pénurie médicale fait s’interroger sur les modalités à inventer afin de garantir la poursuite de l’accès aux soins pour tous les résident d’EHPAD. 
 

…au SYNGOF : la fermeture des maternités mobilise les gynéco-obstétriciens, mais pas seulement ! 

Anesthésistes-réanimateurs, gynécologues médicaux et gynécologues-obstétriciens, pédiatres et médecins généralistes entendent les inquiétudes qui grandissent autour de la fermeture de certaines maternités de proximité. En tant qu’acteurs du réseau de périnatalité, il nous semble essentiel de rappeler que le problème de sécurité des patientes et des nouveau-nés doit être au cœur de la réflexion sur l'évolution de ces structures.
 
La dissémination de l'offre de soins en maternité sur chaque territoire de santé est un facteur déterminant de risque de perte de qualité et de sécurité des soins. Les ressources humaines médicales nécessaires pour assurer en permanence une qualité égale sur tous les territoires sont limitées. La restructuration de l'offre dans ce domaine est une nécessité pour préserver la qualité et la sécurité des soins. L'assouplissement des critères de sécurité, la baisse du niveau de qualification des acteurs, la multiplication des contrats de médecins remplaçants à la place d'équipes expérimentées, ne peuvent constituer des solutions pour maintenir des maternités qui ne répondent pas aux exigences de qualité/sécurité.
 

La proximité n’est pas gage de sécurité 

Ne pas accepter les nécessaires restructurations, c'est contraindre les soignants à moins de sécurité des pratiques, à moins de qualité dans la prise en charge des accouchements. C'est mettre en danger les femmes qui viennent accoucher, comme les personnels soignants. Ceci aboutira dans un futur très proche à une aggravation de la situation actuelle qui cumule les déserts médicaux, l'insatisfaction des femmes, l'augmentation de pathologies graves et accroit le risque de mortalité pour les femmes et les nouveau-nés.
 

Le projet médical de territoire doit être guidé par l’équilibre sécurité-proximité

Chaque communauté médicale des Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT) a produit son projet médical de territoire (PMT). Les décideurs des GHT doivent les prendre en compte et être guidés par l’essentiel équilibre sécurité-proximité. Trop souvent, en particulier pour le maintien des plateaux techniques de taille critique, les projets médicaux de territoire sont le reflet de la pression des politiques et ne sont pas assez issus des réflexions des soignants, seuls véritables experts.
Le maillage des maternités publiques et privées situées dans les villes ou départements limitrophes du lieu de résidence, les moyens déployés pour améliorer les voies d’accès afin que le temps d'accès moyen n’augmente pas malgré les fermetures, le transport des parturientes ou encore leur hébergement dans des hôtels hospitaliers sur les lieux d’accouchement sont autant de solutions qui doivent être analysées et proposées pour accompagner la fermeture des maternités qui ne répondent plus aux exigences de sécurité. Dans certaines régions, ces solutions existent déjà et fonctionnent, que ce soit à l’étranger (Suède, Finlande) ou en France (l’exemple des îles de la côte Ouest, Belle ile, Groix, ile d’Yeu, où habitent plus de 12 000 habitants est significatif).
 

L’évolution est inéluctable du fait de la démographie médicale

Maintenir une maternité qui ne parvient pas, dans les faits, à offrir une organisation pérenne 24h/24 répondant aux critères de qualité / sécurité de la HAS est une erreur managériale pour les directions d'hôpitaux, médicale pour les médecins et les sages-femmes et une tromperie politique envers les femmes auxquelles est annoncé que tout fonctionne correctement. Sans réaction rapide, ces situations vont se multiplier. L'accompagnement financier et organisationnel de ces mutations incombe au gouvernement au travers des dispositions de la loi d’organisation de la transformation du système de santé, des ARS pour le financement des réseaux périnataux de partenariat et à l'assurance maladie au travers du nécessaire accompagnement des CPTS. L'évolution est urgente et inéluctable du fait de la démographie médicale. Elle est nécessaire pour la sécurité des patientes. Nous comprenons les craintes des patientes mais rester crispé au milieu du gué est particulièrement dangereux. Refusons la démagogie et construisons l'avenir avec les patients, les soignants et les élus responsables. À suivre…
 
Pascale Le Pors 
 
 
 

…à SUdF : le virus de la grippe 2019 tue mais l’inertie politique et administrative depuis une décade tue et tuera encore plus ! 

 

Comme chaque année, l’épidémie de grippe a généré de très nombreux passages aux urgences avec son cortège de morbi-mortalité. Ce marronnier est repris chaque année au même titre que les effets de la canicule : il fait froid l’hiver et chaud l’été !
 
L’activité des urgences atteint des niveaux qui conduisent à des effets collatéraux non négligeables inquiétant nos dirigeants qui commandent de plus en plus de rapports et d’audits à grand frais et qui organisent des grandes messes pour comprendre … Comprendre que la population française vieillit, que le « tout ambulatoire » prôné par l’énarchie administrative entraîne de facto la fermeture de lits d’hospitalisation ! La logique comptable prend le pas sur la logique sanitaire ! Les soignants coûtent cher …
 
Depuis octobre 2015, Samu-Urgences de France a lancé une campagne d’alerte sur l’aval des urgences. Sous cette impulsion, le CNUH a proposé une « boite à outils » permettant, enfin, de disposer de moyens, de solutions, pour gérer la surcharge des urgences. L’ANAP a accompagné cette démarche dans un nombre trop limité d’établissements de soins pour lesquels les résultats sont concluants. Cette organisation permet de fluidifier les hospitalisations depuis les urgences. Pourquoi ces outils ne sont-ils pas utilisés à l’Hôpital Public alors qu’une majorité de cliniques privées ont adopté cette gestion facile et claire de la disponibilité des lits d’hospitalisation ?
Le “ No Bed Challenge ” (NBC) a ainsi montré qu’en 2018 près de 400 000 patients ont dormi sur des brancards dans les structures d’urgence, faute de lits d’hospitalisation (projection à partir de 150 établissements répondant régulièrement au NBC). Cette maltraitance organisée est indigne d’un pays qui consacre 200 milliards par an à son système de santé. Paradoxalement, ces conditions de prise en charge augmentent la durée globale de séjour des patients a fortiori pour nos aînés et, surtout, augmente la morbi-mortalité.
Pire, dans le système actuel de valorisation par la tarification à l’activité, la sacro-sainte « T2A », cette hospitalisation sur un brancard est facturée au coût d’une hospitalisation complète au patient même s’il est « stocké » au fond d’un couloir sans surveillance. Nous sommes passés d’une logique de soins à une comptabilité analytique déshumanisée mais CHUT !
 
Le malaise de nos confrères est devenu viral et le seul vaccin contre ce mal est de rendre ses lettres de noblesses à l’exercice médical hospitalier. Permettre aux docteurs de s’épanouir au sein de leurs équipes de soins en proposant une qualité de soins retrouvée pour un juste soin entouré d’humanité et de bienveillance. Cette demande n’est pas sans fondement, elle se base sur le principe du serment d’Hippocrate et sert de base à la construction de la relation médecin-malade garante d’un soin sécure, confortable, humain. C’est à cette condition que les médecins urgentistes, comme nos collègues hospitaliers ou de ville pourront continuer de s’épanouir dans ce métier si riche en émotions et en moments privilégiés.
 
Jean-François Cibien, Vice-Président de SUdF