Qu’il ait un bon diagnostic !

Catégorie : détail de la revue AH10
Publié le jeudi 28 juin 2018 06:42
C’est la première des exigences du public vis-à-vis d’un médecin, que nos concitoyens soient malades ou en bonne santé. Lors d’une importante réunion annuelle consacrée aux perspectives dans le domaine de la santé, devant un parterre d’experts, de politiques, de dirigeants d’entreprises et autres grands responsables, l’un d’eux s’est réjouit de l’apport de l’Intelligence Artificielle (IA) dans l’aide au diagnostic : ce sera du temps libéré pour les médecins pour annoncer la nouvelle aux patients, avec toute l’humanité nécessaire ; bien sûr, ça ira de pair avec la diminution du nombre nécessaire de médecins, avec peut-être des défilés de certains d’entre eux dans la rue... Mais nous serons passés de l’artisanat à la médecine industrielle. Et le modérateur de la table ronde de renchérir : nous allons enfin passer du patient au client !
 
Nous savons que les algorithmes générant les conclusions diagnostiques de l’IA sont basés sur des analyses statistiques et une « science basée sur les preuves » (Evidence Based Medecine). Plus la quantité de données est disponible, plus la force statistique est importante, d’où la nécessité d’accès aux Big Data de la Sécu et autres thésaurus. Bien entendu, l’IA ignorera l’histoire singulière du patient et présupposera qu’on peut extraire une maladie d’un corps dynamique dans le temps et la décrire comme un listing sémiologique transposable à un tout autre corps. Vous avez remarqué que l’étude de cas est passée de mode, et il est certain que les études à grande échelle apportent beaucoup, si on ne confond pas toute fois corrélation et causalité.
 
Pourtant, quand on a en tête les études non moins sérieuses sur l’effet placebo, celui de l’environnement, et même des « forces de l’esprit », c’est à dire du psychologique sur le physiologique sur cette insécable entité qu’est le corps/esprit, la place du médecin restera incontournable pour faire un diagnostic : conclusion prospective résultant de l’examen approfondi d’une situation critique particulière, par celle ou celui capable de diagnôstikôs « capable de discerner ». 
 
Richard Torrielli