Réforme du 3ème cycle

Catégorie : Détail de la revue AH7
Publié le lundi 27 mars 2017 22:53

 

Le pour et le contre

 
En novembre 2016, est paru le décret réformant le 3ème cycle des études médicales. Certaines spécialités semblent satisfaites, d’autres non. Nous avons interrogé le Président de SAMU et Urgences de France (Frrançois Braun) et Michel Salom, Président du Syndicat National de Gérontologie Clinique.
 
AH : Pourriez-vous nous expliquer en quoi cette réforme est délétère pour la spécialité de gériatrie ?
 
Michel Salom : Avant la réforme du troisième cycle il y avait un diplôme d’études spéciales complémentaires de type 2 et un diplôme de capacité. Le premier était celui qui était visé par les universitaires, par l’élite de la profession soit assez peu de personnes. La plupart des futurs gériatres visaient la capacité de gériatrie qui pouvait être obtenue en deux ans. Demain avec ce DES la capacité n’existera plus. Etant donné que la gériatrie n’est pas une spécialité qui est choisie en début de carrière (plutôt en deuxième partie de carrière) cela pose de sérieux problèmes. 
Le dimensionnement du nombre de places pour la gériatrie est de 250 par an, ce qui ne permet même pas d’alimenter les services de l’hôpital. 
La spécialité semble vouée à disparaître, cette réforme tarie le réservoir naturel des futurs gériatres formé par la capacité de gériatrie.  
 
AH : Quelles actions prévoyez-vous de mettre en place ?
 
MS : J’ai essayé de lancer une réunion regroupant l’ensemble des parties prenantes à la validation des acquis de l’expérience professionnelle au conseil national de l’ordre ; le conseil était tout à fait d’accord pour réunir tout le monde sauf que les professeurs de la gériatrie ont refusé de venir. Ils considèrent que ce n’est pas leur problème, ou alors si ça l’est c’est en catimini entre eux. Malgré tout, le syndicat va faire du lobbying partout, auprès du Conseil de l’Ordre, dans les ministères, auprès des sociétés savantes des autres spécialités, nous allons écrire des articles contre les gens qui bloquent le système. On va se battre ! 
Habituellement les syndicats et les professionnels sont plutôt d’accord mais là il faut déjà qu’on arrive à faire bouger les représentants savants de la spécialité, ce qui n’est pas banal. La réforme du 3ème cycle ne changera pas, nous voulons simplement discuter de diplômes de bases créés pour l’usage des personnes qui ne choisiront pas cette spécialité en première partie de carrière. La gériatrie devient une spécialité majeure notamment en raison du vieillissement de la population, la plupart des gens en sont conscients sauf peut-être les professionnels de la spécialité. 
 
AH : Quels sont les atouts de la réforme du 3ème cycle ?
 
François Braun : Cette réforme présente de nombreux atouts. Tout d’abord, la création du DES médecine d’urgence qui devient un DES comme les autres soit une spécialité qui pourra être choisie dès les résultats en fin de  formation. C’est quelque chose que nous  souhaitions depuis près de 20 ans afin de pouvoir, entre autres,  s’aligner sur nos voisins  européens et internationaux. Aux Etats-Unis  par exemple, la médecine d’urgence est reconnue comme une spécialité depuis les années 70. Cela s’inscrit dans le cadre global de suppression des DESC, 12 ou 13 nouvelles spécialités on été ajoutées et nous finirons par avoir des cursus qui ressemblent à ce se qui se fait au niveau international. 
Le dernier point qui me semble essentiel : la construction du 3ème cycle avec ses trois phases : phase socle, phase d’apprentissage et la phase de mise en responsabilité qui sont maintenant bien définies et qui permettront la progression des connaissances, des compétences et des responsabilités.  
 
AH : Existe t-il des points négatifs et si oui quels sont-ils ?
 
FB : Il y a la présentation de la réforme en elle même qui est très séduisante et puis vient la mise en application. 
Certaines choses devront évidemment être précisées mais globalement ce qui va être mis en place sera très intéressant. Notamment, le suivi et l’accompagnement des futurs spécialistes grâce à un portfolio électronique qui suivra les étudiants tout au long de leur formation. Nous allons avoir accès à des outils intéressants. La réforme permettra de faire évoluer les choses et de se doter d’outils modernes. 
 
Propos recueillis par Saveria Sargentini